Chroniques littéraires autour de la littérature de voyage et des écrivains voyageurs.
lundi 23 juillet 2012
J'ai lu "Manifeste vagabond" de Blanche de Richemont
Blanche de Richemont
Manifeste vagabond
Plon 2012
Ce Manifeste vagabond est un témoignage, un journal intime, un bilan, un manifeste, celui de Blanche de Richemont, une jeune femme qui s’interroge : « cela fait des années que tu cours sur les routes après un sens ; existe-t-il ? » Lorsque le retour devient difficile, lorsque « le voyage est devenu un esclavage », il faut s’arrêter, réfléchir. Écrire.
Pourquoi partir ? Parce que « les horizons ont leur mot à dire. » Parce que « notre âme n’est pas faite pour ces vies sédentaires figées dans le béton. » On part aussi, comme Blanche de Richemont, pour guérir des blessures. » Le décès d’un petit frère. Et « si la route ne nous libère pas de nos maux » mais au contraire « les met en lumière », un voyage difficile comme celui au Sinaï – « l’épreuve du feu » – permet de comprendre certaines choses sur le fonctionnement du corps et de l’âme. Partager le chemin et le bivouac met du plomb dans l’aile de quelques règles trop bien ancrées de notre société. « J’avais réalisé dans le désert que notre vie servait un autre but que la réussite. » Et lire Les clochards célestes inculque quelques idées nouvelles : « les clochards célestes savent s’emparer de leur destin, ignorant le regard de la société. » Avec tout ça, comment revenir dans « le monde des hommes » ?
Au cours d’un autre voyage – l’Azalaï, sept cent kilomètres sur la route du sel entre Tombouctou et Taoudenni – Blanche de Richemont découvre comment certains hommes considèrent la femme, vit l’enfer d’une caravane, sa geste répétitive dans un environnement hostile – « dans ce paysage immobile, seule la date changeait tous les jours » – et apprend à « ne plus enfermer l’avenir dans des prédictions pour se rassurer » et « à ne plus espérer, mais à accueillir chaque journée comme une offrande. » Le voyage, surtout le voyage un peu rude, ouvre de nouveaux horizons, c’est évident.
Le voyage ouvre peut-être aussi à une autre vie. Mais « le plus dur n’est pas de partir, mais de revenir. » Le voyage isole du monde des sédentaires. Il est souvent impossible de partager ce que l’on a vécu. Que faire ? Le vagabondage, le voyage permanent, la fuite ? Mais quelle fuite ? Dans l’amour ? dans la religion, au couvent ? le suicide ? la solitude dans la cabane (référence à l’isolement volontaire de Sylvain Tesson dans une cabane au bord du Baïkal) ? dans les livres ? dans la recherche de réponses aux questions comme « qu’est-ce qui justifie une vie ? » ou « suis-je libre ? » Blanche de Richemont se pose des questions, vit avec son esprit en éveil. Ce qui est loin d’être le cas de tout le monde.
Certains pensent qu’il ne sert à rien de partir si c’est pour se (re)trouver soi-même. Mais si « le véritable vagabond ne serait pas celui qui prend la route, mais celui qui part chercher son âme », alors Blanche de Richemont est sur la bonne route. « La liberté du voyageur est vertigineuse », il n’a « pas peur du temps », il n’est pas « esclave du divertissement », chacun pourra s’en rendre compte. Mais plus grande encore est la liberté de celle qui arrive à la conclusion que « la nature porte en elle tous ces ailleurs qui nous hantent », que l’on part surtout « en posant un regard vierge sur le monde » et qui« cherche à illuminer un monde intérieur et non à calmer les tourments de mon esprit. »
Voici un petit livre intéressant, grave et léger à la fois, rempli de belles réflexions sur la vie, sur la mort, sur le voyage, sur l’autre, sur l’ailleurs, sur la liberté, et sur ce qu’on fait avec tout ça. Blanche de Richemont livre ses pensées, ses constats, ses analyses, ses réflexions, et les lectures qui l’aident à comprendre : des philosophes, des penseurs Indiens, des écrivains vagabonds comme Hesse, Jünger, Kerouac… Par là même elle aide dans leur propre démarche, dans leur propre questionnement, celles et ceux qui sont déjà ailleurs, celles et ceux qui sont encore là, celle et ceux qui, comme moi peut-être, ont un pied dedans et un pied dehors. Elle donne des pistes, elle ouvre les yeux, elle montre son chemin. A chacun d’y trouver de quoi enrichir sa propre réflexion. Un livre à conserver dans la bibliothèque voyageuse.
Les premières lignes : « Je suis partie en voyage pour trouver une terre ou un regard qui justifient d’être en vie. Le jour où j’ai pénétré dans le désert du Sinaï pour la première fois, j’ai compris que les villes n’étaient pas humaines, que pour y survivre il fallait fuir. Des 4x4 nous ont déposés dans la nuit au creux d’un canyon. Des Bédouins nous attendaient au coin du feu. Les rayons de lune cognaient contre la roche. La puissance brute de cette nature mise à nu imposait le silence. J’étais née pour cet instant. »
Citations
« Le confort retient. Les nuits à la belle étoile nous poussent sur la route. Elles en sont le prolongement. »
« Les vagabonds ne font que passer. Non pour fuir mais pour ne pas perdre leur intensité. »
« L’éphémère est un garant d’intensité. »
« Si le vagabond effleure la vraie liberté c’est parce qu’il n’a pas peur de perdre son temps. »
« On ne part pas en prenant l’avion, ni la route, mais en posant un regard vierge sur le monde. »
« Les vagabonds ont une lueur dans les yeux qui excite la jalousie et le désir. Ceux-là même qui fabriquent leurs chaînes du matin au soir crachent sur ces êtres libres voués à la solitude. »
« Partir demande parfois plus de courage que rester. »
« Revenir résonne toujours un peu comme une sanction. »
Blanche de Richemont est née à Paris en 1978. Elle a fait des études de philosophie et du théâtre, avant de découvrir l’écriture et le voyage. Elle évoque ses voyages dans Éloge du désert (Presses de la Renaissance, 2004) puis Éloge du désir (Presses de la Renaissance, 2007). Elle publie un roman en 2008 : Pourquoi pas le silence (Robert Laffont), l'histoire d'un adolescent qui décide de quitter la vie après avoir tout fait pour l'aimer. Puis en 2009, Les passions interdites (Éditions du Rocher), un portrait d'êtres incandescents dans l'art, la foi, l'amour, le sexe, l'aventure, la science.
Site : http://blanchederichemont.skyrock.com/
Et https://www.facebook.com/pages/Blanche-de-Richemont/94629685125
dimanche 8 juillet 2012
J'ai lu "Au carnaval des espérances" de Jean-Claude Baise
Jean-Claude Baise
Au carnaval des espérances
Les presses du midi, 2011
224p, 18€
Au Carnaval des espérances est un roman dans lequel Jean-Claude Baise nous transporte dans un pays qu’il connait bien : la Guyane. La Guyane et ses lieux emblématiques : Saint-Laurent-du-Maroni, Kourou, Cayenne. La Guyane et son exubérance végétale. La Guyane et sa moiteur, sa chaleur. Un pays où les corps sont peu vêtus, où les jeunes femmes marchent avec des « mouvements fondus et harmonieux, sveltes et félins ». Un pays dans lequel des populations se sont mélangées aux cours des siècles. « Ici, l’humanité pétillait comme si l’Histoire, avec des talents d’artiste, s’était servie de toute la palette des races humaines pour créer des teintes et des nuances toujours différentes. » Un pays avec un décor de rêve : le fleuve Maroni et les petites rivières se parcourent en pirogues ; les mygales surgissent sur les empennages de bois, les crabes aux pinces rouges s’enfuient sur le sol spongieux… Un pays de rêve ou de cauchemar, tout dépend.
Tout dépend du moment où l’on y arrive et ce que l’on vient y faire. L’histoire démarre à Cayenne, et par un grand moment : le carnaval. Une grande fête, un incroyable spectacle. « Des demoiselles brunes se métamorphosaient en libellules turquoise et vertes. » Des groupes dansent. « C’est aussi la surexcitation des corps, les danses chaloupées de marquises masquées (…) le tournoiement des robes panachées. » Et pour accompagner la danse, « une démence musicale hurlait la joie de vivre. » Carnaval ! Le temps de tous les possibles. C’est dans ce bruit et dans cette ambiance de folie que l’on fait connaissance avec les principaux personnages du roman. Le premier à entrer en scène est Mattéo Vincenti. D’après ce qu’il sait, son père, qui l’a quitté à sa naissance, est en Guyane. « Une brûlure secrète qui consumait son âme et meurtrissait son honneur » de jeune corse. Puis vient Ruben, un médecin ivoirien, qui fuit son pays, qui débarque à l’hôpital de Saint-Laurent, et qui va se heurter aux traditions. On parle de Fabien Luciani, que personne ne sait où trouver, qui a peut-être disparu… Titaïna, qui est peut-être sa fille, quant à elle bien réelle, arrachée à sa Polynésie natale, ses fleurs, ses rochers et ses rivières, arrive à Kourou – un monde inquiétant, un « labyrinthe de solitude » – avec les idées de sa jeunesse, ce qui causera quelques difficultés à la communauté guyanaise. Et Molokoï, un Amérindien, indispensable relais local.
Mais les premières impressions festives ne durent pas. Tout ceci n’est-il pas autre chose qu’une façade trop visible et trop riante ? « Tous ces visages hilares et cette tapageuse mascarade, n’étaient-ils pas de simples masques travestissant de bien sombres préoccupations ? » Ces fêtes sont-elles encore spontanées, ou bien servent-elles à cacher une dure réalité ? Dans une contrée qui – pas plus qu’ailleurs – n’est pas « épargnée par l’affrontement et le désir de nuire des hommes » ; dans des villes et des villages où les jeunes ne s’émerveillent plus du monde de la forêt et n’apprennent plus les secrets des plantes et des animaux, occupés qu’ils sont à consulter les messages plus ou moins sincères qui s’affichent sur leurs téléphones portables : qui dit vrai, et qui avance masqué ? Ici comme ailleurs, le passé et le présent se heurtent. Comme les civilisations. Comme les coutumes et comme les croyances. Comme la vérité et le mensonge. C’est dans ces ambiances chaudes, colorées, moites, que s’avancent et se croisent les protagonistes de cette histoire. Mais quels liens, quelles histoires unissent tous ces personnages ? Quelles bribes de passé vont venir télescoper les instants présents et les rencontres fortuites ? Et comment ces rencontres vont-elles se résoudre ? Au lecteur de le découvrir… Il y aura des larmes, de l’amour, du soleil. Mais aussi des retournements de situation, comme dans tout bon roman. Et de nouvelles espérances…
Les premières lignes : « La lumière était moins éblouissante et l’après-midi déclinait mais les rues restaient désertes et la ville assoupie. Mattéo avait hésité à quitter la fraîcheur de son hôtel car à l’extérieur l’air mijotait dans une moiteur qui suintait des murs, exhalait du sol et ruisselait du ciel. De la droite arriva un groupe étonnant. »
Jean-Claude Baise a beaucoup bourlingué à travers le monde, en Côte d’Ivoire, en Polynésie, en Guyane, où il a passé plusieurs années. Ce récit est le quatrième d’un cycle guyanais qui comprend aussi : Passions amérindiennes (Bénévent, 2007) ; Larmes de Cachiri (L’Harmattan, 2008) et Perdus en Guyane sur la rivière Counamama (L’Harmattan Jeunesse, 2010).
lundi 25 juin 2012
J'ai lu "Les Bisons du Coeur-Brisé" de Dan O'Brien
Dan O’Brien
Les Bisons du Cœur-brisé
Traduit de l’américain par Laura Derajinski
Au Diable Vauvert 2007.
Avez-vous déjà vu le pare-chocs de votre auto se refléter dans les yeux d’un bison ? Ce fut une révélation lorsque l’auteur se trouva un jour « suffisamment près pour voir le pare-chocs du pick-up se refléter dans ses sombres yeux ronds surmontés d’une touffe de poils noirs et frisés. Sa tête était aussi grosse qu’une machine à laver. » Même s’il fut alors « incapable de trouver un lien entre ce vieux bison poussiéreux » et lui, Dan O’Brien comprit que cette vision était un signe. Peu de temps après il loua un ranch. Au début il y vécu dans des conditions spartiates et difficiles. Plusieurs obstacles durent être surmontés : les éléments naturels, certes, mais aussi les problèmes de voisinages et d’autres liés à l’écosystème, complètement stérilisé par des « erreurs » antérieures. Ce sont ces questions qui donnent à ce livre plusieurs pistes de lectures et donc son intérêt et son épaisseur.
Ce récit est celui de l’Histoire, et aussi de l’histoire économique de la région. Nous sommes au pied des Black Hills, « de l’herbe qui oscille à l’infini dans le vent et un ciel qui engloutit la moitié du monde », les terres indiennes de Sitting Bull, dans les Grandes Plaines du Dakota. Ces plaines qui ont vu la « disparition » des peuples autochtones, les Indiens, en même temps qu’un autre massacre, celui des bisons. Le massacre des bisons est intervenu à plusieurs époques, mais surtout au XIXe siècle, lors de la ruée vers l’Ouest, lors de cette « conquête économique » qui déboucha sur la vente des peaux et des fourrures. « A une certaine époque, on pouvait voir la blancheur quasi incandescente des squelettes de bisons éparpillés sur toute la plaine, du Texas jusqu’au Canada. » Et puis, les bisons et les Indiens ayant « disparus », l’homme (blanc) put continuer le saccage de cette terre, en installant une politique d’élevage bovin intensif et l’agriculture qui allait avec. Pour la société de consommation. Un jour « cette terre est (devenue) un genre d’usine destinée à la seule production des bœufs et des céréales. ». O’Brien a une autre idée.
« Mon objectif, écrit O’Brien, était de restaurer, de la rendre à son état originel, lorsque les bisons sauvages la peuplaient encore. (…) Je voulais juste que la terre soit saine et équilibrée. » A la longue il s’apercevra qu’il avait raison. « Et ce qui rend certains perplexes, c’est qu’en respectant la vie sauvage et la nature sur notre exploitation, on obtient de meilleurs troupeaux, mieux fournis que les leurs. » Ce récit est donc aussi l’histoire d’un fermier amoureux de la vie sauvage, qui souhaite remettre un ordre « naturel » dans ces prairies, c'est-à-dire réintroduire le bison et laisser l’écosystème se réadapter à ces animaux. L’histoire d’un homme qui va devoir confronter ses idées (sur l’amour, sur la nature) à la réalité. Celles et ceux qui ont fréquenté des fermes avec des veaux, vaches et cochons, retrouveront des gestes et des odeurs de leurs passés. Les autres imagineront assez bien comment on pousse des veaux ou des bébés bisons dans des bétaillères, ou comment on salit ses bottes en arpentant un corral plein de boue ou de neige à la recherche d’animaux égarés, encore à-moitié sauvages, et dont la force surhumaine, en bande, peut causer des dégâts conséquents.
Pour être éleveur de bisons il faut aimer la solitude. Dans ces contrées les femmes n’y sont pas légion. Mais « elles n’étaient pas franchement fautives. Quelle femme raisonnable pourrait vivre dans une maison glaciale l’hiver, brûlante l’été, en compagnie d’un homme tellement abruti qu’il mangerait de la carcasse de daim trois fois par jour et boirait de l’eau de source dans une bouteille de lait fixée à la selle de son cheval ? » Il faut aimer les défis. Il faut aimer la terre, les bêtes. « L’attachement aux terres et aux troupeaux (est un) sentiment qui n’existe pas, par exemple, entre un épicier et les boites de conserve alignées sur ses étagères. » Il faut aimer le vent, la neige, le soleil, le grand ciel bleu, la pluie, les orages… la musique « country ». Il faut aimer ou du moins supporter le froid, les nuits sans sommeil, les rafales de vent, les tempêtes de neige, les bêtes qui s’échappent, les coups de fusil, parfois contre soi-même… Mais la récompense c’est le café chaud au petit matin, la naissance de bébés bisons, le plaisir de produire une viande de qualité, la certitude d’agir sur l’écosystème en remettant le bison à sa place comme « un maillon manquant à la santé des plaines », c’est le sentiment d’être du bon côté, celui d’une nature à préserver pour demain, ce qui n’est pas gagné car « le monstre mercantile américain avait découverte la tendance à se tourner vers le bison », et ça n’était pas une bonne nouvelle. Les chantres du profit à tout prix n’ont pas lu ni compris – où peut-être que si, mais alors ils s’en fichent pas mal – cette phrase de J. Franck Dobie citée en exergue du livre : « L’histoire de toute terre commence par la nature, et c’est par la nature que se terminent toutes les histoires. »
Ce livre des grands espaces, ce récit d’un « « éleveur de bisons » est à conserver dans la bibliothèque, au rayon « nature writing – je sais, on peut discuter de ces classements, mais ça facilite quand même un peu les choses – aux côté des récits, témoignages , nouvelles ou romans, de Rick Bass, Doug Peacock ou Jim Harrison, pour en relire quelques pages de temps en temps.
Les premières lignes : « Quand les citadins ont eu une semaine difficile au boulot – s’ils sont sur le point de perdre leur emploi ou ont pris une décision qui risque de gâcher leur vie – j’ai entendu dire qu’ils errent parfois en ville. J’ai entendu dire qu’ils restent toute l’après-midi dans une salle de cinéma à regarder le même film en boucle. Ils déambulent dans les parcs ou observent depuis la jetée, immobiles, les bateaux qui prennent la mer. Chez moi, le cinéma le plus proche se trouve à soixante kilomètres, et pour atteindre l’océan il faut encore parcourir mille trois cent kilomètres vers l’est. Mais je suis entouré de plusieurs millions d’hectares de terre et quand ma vie semble partir en lambeaux, je grimpe sur mon pick-up et je roule. »
Citation
« J’ai pu remarques que les étrangers sèment souvent de nouvelles idées qui se marient parfaitement avec les concepts locaux. Les gens qui ont voyagé dans le vaste monde ont souvent une meilleure notion du possible et savent que les prérogatives ne sont qu’illusions. »
http://www.audiable.com/livre/?GCOI=84626100808820&
mardi 12 juin 2012
J'ai lu "Ce que savent les baleines" de Pino Cacucci
Pino Cacucci
Ce que savent les baleines
Traduit de l’italien par Lise Chapuis.
Christian Bourgois, 2012
D’événements graves (les Conquistadors, le massacre des baleines) à d’autres plus anecdotiques (la « véritable » histoire de l’Hôtel California), en passant par les moment de grâce, tels les spectacles de la nature qui laissent « muet, en extase » comme ces baleines grises « qui ponctuent de souffles vaporeux toute la ligne d’horizon (et) s’approchent du bord et remuent le fond sablonneux à quelques mètres du rivage », Pino Cacucci emmène ses lecteurs pour une promenade du sud au nord de la « Baja California », la Basse-Californie, de La Paz – la première tentative d’implantation espagnole, là où Hernán Cortés s’avança en 1535 – à la frontière, du côté de Tijuana. Son credo : la nature.
« On part. Et pour ce long voyage, on a une robuste Dodge Durango, plus spacieuse et confortable que la Bronco. En fond sonore : Bruce Springsteen. » La région semble belle, avec des bords de mer magnifiques, des baies des anges, des terres où poussent « le petit cactus tonneau jusqu’au robuste saguaro ou au cactus cierge haut de vingt mètres », des pics du diable et, « en somme, traverser la Baja en février est un plaisir sublime. »
Cacucci est un connaisseur de la région, déjà parcourue et déjà décrite dans un livre, Poussières mexicaines (Payot). Il raconte beaucoup de choses : des histoires de trésor, de corsaires, de mutineries, de perles dans les huitres, de Jésuites et d’Indiens, de peintures rupestres peut-être liées à des migrations pas encore expliquées. Il rappelle qu’en 1869 le phylloxera fait des ravages en Europe et que si nous buvons du vin aujourd’hui on le doit aux cépages rapportés – entre autre – de cette partie de la Californie. Cacucci propose également sa vision de l’écologie, et se demande si nous avons appris quelque chose en regardant la nature et les baleines.
Pour le voyageur, les grands moments de bonheur c’est lorsque « pas loin de là, les baleines voltigent, font des cabrioles et exhalent leur haleine vaporeuses. » Plus encore lorsque les baleines approchent la frêle embarcation et que « la grosse tête historiée de concrétions blanches se dresse et nous observe en restant parfaitement à la verticale. En l’espace de quelques minutes c’est tout un grouillement de dos et de queues, et nous restons ébahis face à cette majesté inquiétante, face à une telle force qui pourrait nous briser en deux d’un léger coup de nageoire, mais au contraire… » Bien sûr Cacucci se pose quelques questions sur le fait que les baleines semblent sentir la présence des personnes bien disposées à leur égard – « oui, elles le savent » –, voire qu’elles pourraient communiquer avec l’homme, mais pour conclure que « le comportement des baleines constitue un insondable mystère. » Très bon récit, d’un voyageur très proche de la nature – malgré la Dodge citée plus haut – et très cultivé sur l’histoire et la géographie du pays traversé ; indispensable dans le sac à dos lors d’une balade en Basse-Californie.
Les premières lignes : « Il s’appelait le Black Warrior. C’était un baleinier mis à l’eau dans les chantiers de Duxbury, Massachusetts, en 1825. Pendant un quart de siècle il avait massacré des cétacés dans le Pacifique et dans l’océan Indien. Pour finir, il avait été acheté par un amateur d’Honolulu, et le nouvel équipage avait fait route vers le sud, vers la Californie restée mexicaine après la guerre d’invasion par les États-Unis de 1847. »
L’auteur
Pino Cacucci est né en 1955. Depuis près de 25 ans, il vit entre l'Italie et le Mexique. Il écrit des romans dont certains ont été portés à l’écran.
mercredi 9 mai 2012
J'ai lu "L'Homme des haies" de Jean-Loup Trassard
Jean-Loup Trassard
L’Homme des haies
Gallimard,2012
256p, 17,90€
Quand on est un peu âgé – 75 ans – les souvenirs arrivent dans le désordre, mais ça n’a aucune importance. Mis bout à bout, dans un long monologue, une confession, ils composent une histoire : celle de Vincent, L’Homme des haies, un paysan du bocage mayennais. Il est maintenant plus contemplatif qu’actif : il fait ce dont il est encore capable, ce qu’il aime, et ce que son fils, qui a repris l’exploitation, lui laisse faire… Au début c’est un peu bizarre, cette langue, ce style, et les sujets abordés – les pommes, les betteraves, les juments, la moisson, le puits, les haies… – sont à mille lieux de ce qui s’écrit (trop) couramment. On se dit qu’on peut toujours en lire un peu plus, qu’on va bientôt arrêter car tout se ressemble, que ces histoires passées ne nous apprendront rien. Et puis on arrive tranquillement à la fin du livre, porté par une belle musique, ample, par une langue incroyable, et par des histoires simples et universelles racontées par Vincent.
Vincent est un homme bon. Dans un monde rempli de silences et de non-dits, il parle à Suzanne, sa femme, à sa manière, mais il parle. « Ma bonne femme n’était pas bavarde non plus, mais petit à petit, à mesure qu’on se connaissait mieux, on se causait, comme je dirais bien, par figure, les yeux, le regard, la bouche, une fronce ou une manière de rire. Les autres n’y voyaient rien, nous on se comprenait. » Vincent n’aime pas les problèmes, il est conciliant. « J’avais bien vu qu’on allait se buter là-dessus si on ne faisait pas à son idée. Ça ne valait pas le coup de se fâcher. » Vincent aime les plaisirs simple et ce que donne la terre. « Dehors, quand il ne fait pas trop bon, une patate chaude c’est réconfortant et puis on la goûte vraiment, elle me cause de la terre où elle est née. » Vincent est sensible. Comme pour d’autres sentiments ou émotions ça ne se voit pas beaucoup, mais ça se sent. Comme à l’occasion de la mort de la jument. Qui peut comprendre que pendant des mois Vincent n’est plus rentré dans l’écurie ? « Suzanne, elle, aurait pu comprendre, mais elle n’était plus là, non. » Car oui, Vincent a eu sa part de malheur : « Je n’aurais jamais cru qu’elle nous laisserait si tôt. » La mort de Suzanne… « Des fois je compte les années, je n’en reviens pas. Parce que, au-dedans, je continue à discuter avec elle. » Aujourd’hui Vincent est un solitaire. Il ne fait plus partie de la vie active de l’exploitation. Il est oublié. Son fils, le « il » ou le « lui » de ce récit– on ne se parle vraiment pas beaucoup –, et sa belle-fille Martine, lui laissent une petite marge de manœuvre. Suffisante.
Dans ce récit on apprendra ou on se souviendra de la vie à la campagne il n’y a pas si longtemps ; comment fonctionnait l’alambic, comment se passait la moisson, comment on construisait une échelle, comment on allait cherche l’eau au puits, comment on tuait le cochon, « le jour de tueu l’pourcia ». Comment on dormait dans les chambres glaciales, comme on tuait les chats en trop, comment et pourquoi les chiens jappaient, comment on s’occupait des animaux, quelles relations on avait avec le voisinage… Et comment tout ça disparut dans le monde moderne, mécanisé, déshumanisé. « Plus de bourreliers parce que les chevaux sont partis, mais pourquoi qu’il n’y a plus de cordonnier puisque le monde porte encore des souliers ? »
La passion de Vincent c’est le « barbeyage », autrement dit l’entretien des haies, avec la serpe, la faucille et la fourchette, pour permettre le passage des hommes et des machines, mais aussi pour bien d‘autres raisons. Pour la beauté des lieux, leur poésie. Plus prosaïquement : parce qu’on ne peut « rester à rien faire au milieu de tout le monde qui travaille ». Mais les haies disparaissent, comme le monde de Vincent, dans lequel « c’est pas de courir, mais d’aller régulièrement. » Le blé fait maintenant du mauvais pain. « Je suis retiré du temps. » Sans regrets ni rancune. Un jour « ils foutront mes sabots dans le feu, et voilà. »
Pour celles et ceux qui sont allé chercher l’eau au puits, qui ont connu la moisson avec un cheval (le cheval de mon parrain s’appelait Robic), c’est un coup de nostalgie assuré. Mais pas un coup de blues. Car il n’y a rien de larmoyant dans ce récit. Au contraire : si les gens se parlaient peu, certains s’aimaient, ou avaient de la tendresse, ou de l’amitié. Et ça s’entend, ça se voit, ça se lit. Par ailleurs, le travail de la terre et l’entretien des bêtes étaient des « valeurs ». Enfin, il n’y a aucune intention de prouver que la vie à cette époque était sans doute terriblement difficile. La vie était. Tout simplement. Elle était simple. Comme ceci : « J’ai pris la place dès que le père chez nous s’est mort, ma mère me dit : ça va t’i aller ? Moi je réponds : T’inquiète donc pas. Et de vrai, je coupe le blé comme mon père faisait. »
Signalons pour terminer que l’auteur utilise une langue au plus près de la terre et des mots simples comme ce qu’il y avait d’essentiel à dire, et ces réflexions, ces souvenirs, ces moments d’une vie sonnent formidablement bien. Un peu comme s’ils avaient été écrits par un Montaigne mayennais du début du XXe siècle.
Les premières lignes : « Des fois il vend une bête, je demande combien il a donné, le gars Cormier, il dit : moins que j’aurais voulu, ou bien : C’est pas trop mal. Jamais de prix. C’est pas tant ce qu’il touche, mais de savoir si je me trompe. J’ai bien une idée des bêtes, j’ai fait mon commerce assez longtemps, mais de l’heure qu’il est ça monte, ça descend. »
L’auteur
Photographe et écrivain, Jean-Loup Trassard est né en Mayenne en 1933.
Depuis ses premiers textes parus en 1960 dans La Nouvelle Revue Française, avec le soutien de Jean Paulhan, il a publié plus d'une vingtaine d'ouvrages, récit de voyage, romans, récits, dont L’Ancolie (Gallimard) ou Conversation avec le taupier (Le Temps qu’il fait).
Site Internet : http://www.jeanlouptrassard.com/
samedi 28 avril 2012
J'ai lu "Un peuple de promeneurs" d'Alexandre Romanès
Alexandre Romanès
Un peuple de promeneurs
Histoires tziganes
128p, 11€
Gallimard, 2011
Les Gitans n’ont pas de chance : « Rien n’est plus visible qu’une minorité » et, autre particularité de cette « minorité », « être Gitan c’est aller en prison plus vite qu’un autre. » Les Gitans, on ne les croit jamais : « si tu veux dire la vérité / assures-toi que tu as un bon cheval » et on les prend toujours pour des voleurs – alors que « Vous les Français, vous avez volé la moitié de l’Afrique. / Curieusement, on dit jamais / que vous êtes des voleurs. » Dans Un Peuple de Promeneurs, dans ces histoires tziganes, il est donc souvent questions de brimades, de tracasseries administratives, des difficultés de la vie sociale, et des CRS. Mais il n’y a pas que les flics dans la vie, même s’ils sont envahissants. Alors on passe d’un poème où il est question des CRS – dont un CRS amoureux d’une Gitane – à la réflexion d’un gamin de dix ans : « Papa, ça serait joli s’il n’y avait que des femmes. » Des femmes comme la délicieuse Délia – « je ne bois jamais d’alcool / je ne bois que du champagne » – qui se demande « comment font les gadjos / pour reconnaitre leur maison ? / D’abord, elles sont moches, / et elles se ressemblent toutes. » Mais Délia restera-t-elle parmi les siens ? Car « Délia ou le vent, c’est pareil. »
Partir. Peut-on être plus « nomades » que les Gitans, ce « peuple de promeneurs » ? À une question posée à Tamara, 11 ans : « tu aimerais avoir une maison ? voici sa réponse : Pour quoi faire ? » Ou bien cet autre petit poème : « Je demande à Florina de dessiner une maison / Elle dessine une maison portée par des jambes. » Pourtant : « Dans la banlieue parisienne / j’aperçois un campement tzigane / sous une bretelle d’autoroute. / Les caravanes sont délabrées, / c’est la misère. » Dans ce campement ou dans un autre vivent des hommes et des femmes qui préfèrent cette liberté à celle, plus ou moins artificielle, d’un monde dans lequel « il paraît qu’il y a des garçons de mon âge / qui vitriolent le visage des jeunes femmes ; / que la foudre les anéantissent. » En effet, ou est le « bien », ou est le « mal » ?
Incroyable poésie qui semble faite de rien, de mots si simples, d’expressions si faciles. Rien n’est plus simple en effet que les mots utilisés, que les situations décrites, que les paroles transcrites. Une « nudité spirituelle » comme l’écrit Christian Bobin (à propos d’un autre livre : Sur l’épaule de l’ange.) Mais rien n’est plus évocateur que ces mots simples, qui parlent bien sûr du quotidien d’une communauté à qui on ne rend pas les choses faciles, mais aussi des mots qui disent les mêmes questions que se posent tout homme ou toute femme sur cette planète : les années passent, est-ce que le jour approche « où je prendrai mes filles dans mes bras pour la dernière fois ? » Puis-je avoir confiance en toi ? Le vent ne va-t-il pas arracher le chapiteau du cirque ? Quelle est la différence entre diplômes et intelligence ? Pourquoi cette mélodie me tire-t-elle des larmes ? Ou bien est-ce ce violon ? Des mots si simples enfin pour des réflexions si profondes : « on devrait avoir deux vies : / une pour apprendre / l’autre pour vivre » ou pour ce magnifique aphorisme « Tout ce qui n’est pas donné est perdu. » Attention : ce recueil de poèmes, plus ou moins en vers, plus ou moins en prose – aucune importance, disons en vers « libres » –, est un grand bol d’air, une lecture subversive. Pourrait donner des envies de liberté…
Alexandre Romanès est né à Paris en 1951. Il est le cofondateur du cirque Romanès, et l’auteur de plusieurs recueils de poèmes dédiés à la culture tzigane.
vendredi 20 avril 2012
J'ai lu "Il faudra repartir" de Nicolas Bouvier
Nicolas Bouvier
Il faudra repartir
Voyages inédits
Lire, partir, rencontrer, raconter.
Ce livre donne l’occasion de lire des extraits de « carnets » inédits de Nicolas Bouvier sur des régions ou des pays absents de son œuvre publiée. François Laut avait lu ces textes – entre « témoignages à valeur historique » et « voyages initiatiques aux divers âges de la vie » – lorsqu’il y écrivit la première biographie consacrée à l’auteur : Nicolas Bouvier. L’œil qui écrit (Payot, 2008). Il écrit dans le texte de présentation : « L’intérêt des textes est aussi bien dans ces régions ignorées de l’œuvre que dans les multiples facettes qu’ils montrent de l’homme à travers cet abrégé de sa vie qu’est un voyage : le poète ou le journaliste, le conférencier ou l’historien, le photographe ou le « naturaliste », jamais l’homme de lettres, bien plutôt, dirait Gustave Flaubert, « le frère en Dieu de tout ce qui vit », qu’il décrit et peint avec son œil hors pair. » Nous partons d’abord pour Copenhague durant l’été 1948, puis en France en 1957-1958, en Afrique du Nord à l’automne 1958, en Indonésie à l’été 70, en Chine durant l’été 1986, au Canada en 1991 et en Nouvelle-Zélande durant l’été 1992.
Restons sur le voyage en France de 1957-1958. Bouvier fait une tournée de conférences pour remplacer l’un de ses amis. Anecdote : « A l’écran un film, sur scène l’auteur ». Slogan bien connu de « Connaissance du Monde ». Sur scène : Nicolas Bouvier. A l’écran : un film qu’il n’a pas réalisé. D’ailleurs il n’a pas encore mis les pieds en Chine… Sur ses carnets, de nombreuses notes prises qui, à lire aujourd’hui, sont assez réjouissantes. L’organisation d’une conférence n’était pas toujours très rigoureuse. Et même parfois un peu relâchée. « Retour, rebouffe, petit cognac et foncé dans le tas. Parlé dix minutes devant deux cents personnes, puis film. Dix bouquins vendus à l’entracte – dédicacés. Les noms, les noms bizarres qui existent qu’on ne supposerait jamais. De grosses demoiselles les yeux baissés, des types en blouson. Des médecins. Ce qui plait le plus c’est la steppe. Tout ce public confiant comme des bœufs de labour. Je me couche. » D’autres jours c’est l’angoisse – et la solitude, bien qu’accompagné par Éliane – du conférencier. « A minuit la salle se vide dans un tonnerre, trop d’images dans la tête. On se retrouve tout seul avec 500 mètres de bobine à rembobiner. » Ou « En habit bleu, vanné, les mains noirs d’aluminium dans les petites chiottes des restaurants de province, titubant de fatigue. » Cholet. Saumur. Chambéry. Loches. « Ville ravissante ; petit cinéma rempli de gens têtus et froids. » Paris. Châtellerault Roanne. « Dans les montagnes du Centre, ces gros hôtels aux façades austères, leurs portes discrètement haussées d’insignes de clubs et derrière lesquelles on trouve une poignée de voyageurs de commerce groupés là dans la fumée des gauloises comme des cloportes sous une même mousse. »
Les textes présentés ne semblent pas avoir été écrits pour être publiés. Certains sont visiblement des notes prises en voyage et non retravaillées. Mais l’ensemble est bien du Bouvier, avec notamment, comme l’explique F. Laut, des « thématiques » que l’on retrouve dans l’œuvre publiée : sur le fond, la mise à l’épreuve de soi ; sur la forme, l’usage du poème dans le récit de voyage. Il est sans doute préférable d’aborder Bouvier par ces récits plus construits.
« IL FAUDRA REPARTIR
Et vous, ravissements, ciels gonflés d’étoiles, poissons, morsures du cœur, lumière embrassante des regards, échos et prestiges, serez-vous encore là ? »
Les premières lignes « Mardi 13 juillet (1948). Départ pour la Finlande. Chez moi assez triste. Je fume la pipe flamande ramenée hier de Berne. Mes amis ont donné à leurs adieux hier un tel caractère de derniers sacrements que je n’ose pas les appeler ce matin. Aucune recommandation de famille, j’aimerais partir pour très longtemps. »
Textes réunis et présentés par François Laut
Édition établie en collaboration avec Mario Pasa
Payot, 2012, 224p, 17€
Il faudra repartir
Voyages inédits
Lire, partir, rencontrer, raconter.
Ce livre donne l’occasion de lire des extraits de « carnets » inédits de Nicolas Bouvier sur des régions ou des pays absents de son œuvre publiée. François Laut avait lu ces textes – entre « témoignages à valeur historique » et « voyages initiatiques aux divers âges de la vie » – lorsqu’il y écrivit la première biographie consacrée à l’auteur : Nicolas Bouvier. L’œil qui écrit (Payot, 2008). Il écrit dans le texte de présentation : « L’intérêt des textes est aussi bien dans ces régions ignorées de l’œuvre que dans les multiples facettes qu’ils montrent de l’homme à travers cet abrégé de sa vie qu’est un voyage : le poète ou le journaliste, le conférencier ou l’historien, le photographe ou le « naturaliste », jamais l’homme de lettres, bien plutôt, dirait Gustave Flaubert, « le frère en Dieu de tout ce qui vit », qu’il décrit et peint avec son œil hors pair. » Nous partons d’abord pour Copenhague durant l’été 1948, puis en France en 1957-1958, en Afrique du Nord à l’automne 1958, en Indonésie à l’été 70, en Chine durant l’été 1986, au Canada en 1991 et en Nouvelle-Zélande durant l’été 1992.
Restons sur le voyage en France de 1957-1958. Bouvier fait une tournée de conférences pour remplacer l’un de ses amis. Anecdote : « A l’écran un film, sur scène l’auteur ». Slogan bien connu de « Connaissance du Monde ». Sur scène : Nicolas Bouvier. A l’écran : un film qu’il n’a pas réalisé. D’ailleurs il n’a pas encore mis les pieds en Chine… Sur ses carnets, de nombreuses notes prises qui, à lire aujourd’hui, sont assez réjouissantes. L’organisation d’une conférence n’était pas toujours très rigoureuse. Et même parfois un peu relâchée. « Retour, rebouffe, petit cognac et foncé dans le tas. Parlé dix minutes devant deux cents personnes, puis film. Dix bouquins vendus à l’entracte – dédicacés. Les noms, les noms bizarres qui existent qu’on ne supposerait jamais. De grosses demoiselles les yeux baissés, des types en blouson. Des médecins. Ce qui plait le plus c’est la steppe. Tout ce public confiant comme des bœufs de labour. Je me couche. » D’autres jours c’est l’angoisse – et la solitude, bien qu’accompagné par Éliane – du conférencier. « A minuit la salle se vide dans un tonnerre, trop d’images dans la tête. On se retrouve tout seul avec 500 mètres de bobine à rembobiner. » Ou « En habit bleu, vanné, les mains noirs d’aluminium dans les petites chiottes des restaurants de province, titubant de fatigue. » Cholet. Saumur. Chambéry. Loches. « Ville ravissante ; petit cinéma rempli de gens têtus et froids. » Paris. Châtellerault Roanne. « Dans les montagnes du Centre, ces gros hôtels aux façades austères, leurs portes discrètement haussées d’insignes de clubs et derrière lesquelles on trouve une poignée de voyageurs de commerce groupés là dans la fumée des gauloises comme des cloportes sous une même mousse. »
Les textes présentés ne semblent pas avoir été écrits pour être publiés. Certains sont visiblement des notes prises en voyage et non retravaillées. Mais l’ensemble est bien du Bouvier, avec notamment, comme l’explique F. Laut, des « thématiques » que l’on retrouve dans l’œuvre publiée : sur le fond, la mise à l’épreuve de soi ; sur la forme, l’usage du poème dans le récit de voyage. Il est sans doute préférable d’aborder Bouvier par ces récits plus construits.
« IL FAUDRA REPARTIR
Et vous, ravissements, ciels gonflés d’étoiles, poissons, morsures du cœur, lumière embrassante des regards, échos et prestiges, serez-vous encore là ? »
Les premières lignes « Mardi 13 juillet (1948). Départ pour la Finlande. Chez moi assez triste. Je fume la pipe flamande ramenée hier de Berne. Mes amis ont donné à leurs adieux hier un tel caractère de derniers sacrements que je n’ose pas les appeler ce matin. Aucune recommandation de famille, j’aimerais partir pour très longtemps. »
Textes réunis et présentés par François Laut
Édition établie en collaboration avec Mario Pasa
Payot, 2012, 224p, 17€
dimanche 15 avril 2012
J'ai lu "Ecrivains en pays de Savoie de l'Antiquité à nos jours" de Rémi Mogenet
Rémi Mogenet
Écrivains en pays de Savoie de l’Antiquité à nos jours, Cité4, 2012.
Nombreux sont les livres qui traitent des pays de Savoie et des écrivains qui, à toutes les époques, les traversèrent en long et en large et en firent la matière de leurs récits ou de leurs correspondances. Écrivains en pays de Savoie de l’Antiquité à nos jours, de Rémi Mogenet, est l’un des plus intéressants, des plus fouillés, dans lequel l’auteur et ne se contente pas de citer des extraits des textes des auteurs - voyageurs, mais aussi de donner son analyse, voire son avis.
L’histoire « littéraire » des pays de Savoie commence avec le récit de la traversée des Alpes d’Hannibal par Tite-Live, qui raconte comment le « célèbre général carthaginois » expliquait à ses troupes pourquoi il ne fallait pas craindre ces cimes qui, de toute façon ne touchent pas le ciel, donc pouvaient être franchies. Le Moyen Âge fournit son lot d’écrivains aujourd’hui oubliés, qui souvent traitaient des relations politiques entre territoires, et que Rémi Mogenet est allé dénicher pour nous. La Renaissance est « la première grande époque des récits de voyage. » On y croise Marguerite de Navarre ou Jacques Peletier du Mans, auteur d’un poème appelé La Savoie, un poème « de nature fondamentalement didactique » qui décrit sans lyrisme excessif les conditions de vie du côté de Bonneval ou de Bessans avec des « images légères et prosaïques, mais charmantes » selon R. Mogenet. Enfin, n’oublions pas Montaigne qui, en octobre 1581, traversa les Alpes au mont Cenis en revenant de son voyage en Italie.
Le chapitre consacré au XVIIe nous remettra en mémoire, si besoin était, que Jacques de Savoie est mort au château d’Annecy en 1585. Il est plus connu sous le nom de duc de Nemours, dans La Princesse de Clèves, de Mme de Lafayette. C’est évidemment au XVIIIe siècle que les pays de Savoie prennent la « lumière » en même temps que la « découverte de la nature » et la fréquentation de la haute-montagne. Voltaire, du côté de Ferney et Genève, et surtout Rousseau, du côté de Chambéry – du verger des Charmettes (« Verger cher à mon cœur, séjour de l’innocence ») aux paysages décrits par Saint Preux dans La Nouvelle Héloïse – ont beaucoup fait pour la popularité de ces régions. Autres grands hommes de l’époque : Horace-Bénédict de Saussure, le premier sur le mont Blanc en 1788, et fondateur de la « mythologie du mont Blanc » ; et Goethe, créateur dune « forme d’épopée de l’homme face à la nature particulièrement saisissante. »
Le siècle « romantique » s’ouvre avec le voyage de Chateaubriand pour qui les montagnes « remplies de ténèbres et de glaciers grisâtres » n’ont pas « les vertus que Rousseau leur attribuait » Au contraire, les Shelley et Byron seront inspirés par les paysages alpestres et trouveront des lieux où « les mythes pouvaient prendre forme. » Hugo – qui voyagea avec Nodier – et Dumas sont des écrivains majeurs de cette époque et leurs écrits voyageurs sont, comme l’ensemble de leur œuvre, ce qui peut désormais être appelé la « littérature de voyage ». Sont aussi évoqués George Sand, Labiche, Théophile Gautier et Töpffer, avant un grand chapitre consacré à Lamartine, le poète de la beauté de la nature. Tout le monde se souvient avec un léger sourire de ce « Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière » ou encore « Ô Temps, suspends ton vol ! », mais il faut reconnaitre que la lecture de ce poème montre aujourd’hui encore une grande puissance d’évocation. Lamartine, pour qui « la beauté de la nature alpine est telle qu’elle forge l’image de la divinité, mise comme à portée de la main » et chez qui « l’idée que les sommets élèvent l’âme jusqu’à la faire toucher au divin » exerce, on le sent, encore tout son charme sur l’auteur qui lui consacre ces lignes.
On apprendra que Sue « porta le nom du lac d’Annecy à Paris » dans une œuvre aujourd’hui oubliée. Et l’on croisera une foule d’auteurs que les rives des lacs alpins ou les sommets ont attirés : André Gide, Hippolyte Taine, Balzac, Custine, etc. Sans oublier Alfred de Vigny – convié dans un chapitre « évocations politiques de la Savoie », région qui il est vrai a traversé pas mal de turpitudes historiques – ni Stendhal le « touriste » : « J’ai compris tout de suite que j’étais près de la belle Italie. Chambéry a deux monuments que l’on chercherait en vain dans nos villes de France : une salle de spectacle charmante et une belle rue avec des arcades des deux côtés. »
Le livre se termine par les auteurs du XXe siècle : Valéry Larbaud, qui évoque Annecy dans son Journal ; Maurice Clavel (répétiteur dans un lycée d’Annecy) ; Sacha Guitry (qui fit un bon mot sur Annecy) ; Patrick Modiano ; avant de se conclure sur les bords du Léman et de Genève avec Ramuz ou Charles-Albert Cingria ou encore Michel Butor, Pascal Quignard ou John Berger. Un dernier mot pour rappeler que dans son roman Les Confessions de Dan Yack, Blaise Cendrars raconte l’histoire d’un aventurier ruiné qui s’installe à Chamonix…
Sacré tour d’horizon de la littérature française que fait celui ou celle qui s’intéresse aux auteurs et aux écrits générés par les paysages, les hommes, la nature des pays de Savoie, et raconté par un auteur amoureux de sa région, avec un petit côté « érudit » qui apprend subrepticement plein de choses au lecteur, et avec un style toujours de haute tenue, sans doute en raison de la fréquentation assidue des « classiques » de la littérature.
Les premières lignes : « L’Antiquité européenne n’est guère connue que par le regard des Méditerranéens. L’actuelle Savoie se partage, à cette époque, en deux. D’un côté, le royaume des Allobroges, sur la rive gauche du Rhône depuis Genève jusqu’à Vienne, et à laquelle la Savoie participe par ce qu’on appelait autrefois la Combe de Savoie pour le sud, le comté de Genevois pour le nord ; de l’autre, les montagnes peuplées non d’Allobroges, mais de peuplades de langue et d’origine plus ou moins proches : Chablais, vallée de Chamonix, Maurienne, Tarentaise. »
Du même auteur :
De Bonneville au mont Blanc. Itinéraire littéraire de la vallée de l’Arve du XVIIe au XXe siècle. Éditions Le Tour.
Ce livre est une anthologie de textes rassemblés, présentés et commentés par Rémi Mogenet. La part réservée aux écrivains est donc plus importante que celle laissée aux notes qui les introduisent. D’autre part, les textes proposés ici ne portent que sur une petite partie des pays de Savoie, petite région mais ô combien emblématique : la vallée de l’Arve, incontournable passage qui, depuis Bonneville, capitale du Faucigny, mène vers Chamonix et le mont Blanc. Enfin, une large place est laissée à la photographie avec 60 illustrations de Steph Littoz-Baritel qui a posé son appareil photo là où les auteurs étaient – François de Sales, Saussure, Goethe, Chénier, Chateaubriand… – lorsque sur ces chemins ils ont « sublimé ce qu’ils ont vu ou perçu ». Indispensable pour toute promenade entre Bonneville, Sallanches et le mont Blanc.
dimanche 8 avril 2012
J'ai lu "Journal des canyons" d'Arnaud Devillard
Arnaud Devillard
Journal des canyons
Collection Attitudes
Éditions Le mot et le reste 2012.
C’est en 2008 qu’Arnaud Devillard – et Cécile – partent en touristes dans les fantastiques paysages désertiques des États-Unis, dans les pas d’Edward Abbey (1927-1989), personnage emblématique et contestataire, le plus célèbre des écrivains écologistes de l'Ouest américain, auteur notamment en 1968 de Désert solitaire. Le Journal des canyons est le récit de ce voyage : Arnaud Devillard nous raconte simplement, au jour le jour, comment ça s’est passé. Un récit assez marrant, mais qui finit pas donner un sentiment un peu tragique, par (me) mettre mal à l’aise : qu’est-ce que c’est que ce cauchemar? Comment pouvons-nous nous faire piéger ainsi ? Comment faire ? Comment ne pas avoir envie d’aller voir ce qui est présenté – et qui est sans doute réellement – comme des merveilles de la nature ? Le problème c’est que tout le monde détient la même information, part avec le même besoin plus ou moins créé, le même guide, le même créneau dans le temps. Et qu’à l’autre bout les vautours attendent de pied ferme la masse - la manne - des touristes. Et que ça devient un enfer.
Après une escale à New York et, déjà, un rappel de quelques égarements dans lesquels notre société semble se complaire, puis un passage obligé à Las Vegas, pire encore, là où « même l’illusion est une illusion », nos deux touristes prennent la route dans un « désert de poussière gris-rose » et arrivent en Arizona, le pays du « désert intuitif et sans peine. Rentable aussi. » Edward Abbey disait que « les parcs nationaux n’ont pas besoin de routes de macadam, de complexes hôteliers, de gaz d’échappement, d’embouteillages et de bateaux de plaisance à moteur. » C’est exactement ce que les touristes trouvent en arrivant dans l’Ouest des États-Unis. Quarante ans après Désert solitaire « les parcs nationaux sont devenus des parc d’attractions, des centres commerciaux, l’argent gouverne tout et tout le monde. » Le Parc national de Zion, l’Arizona, Le Lake Powell, les Canyonlands et la Colorado river, Moab et les Arches, les vestiges anasazis de la Mesa Verde, Petrified Forest, Monument valley – dont la visite, épique, est l’un des morceaux de bravoure de ce récit... Certainement des endroits magnifiques, assurément une nature exceptionnelle, mais il faut bien le dire : « la seule aberration, ici, c’est notre présence. » Surtout celle de milliers de personnes au même moment.
Une fois quitté le motel, avalés les kilomètres sur la Highway – Utah, Colorado –, garé le gros 4X4 de location – il n’y a pas de petites voitures aux USA ? – et parcourus, sous un soleil accablant, les premiers hectomètres des sentiers balisés – parfois goudronnés – il faut reconnaître que les paysages sont grandioses – et qu’en un sens il est normal qu’ils soient accessibles. Ces « mondes inconnus, qui ne sont pas à notre échelle », cet « océan de grès rouge et rose », cette « brutalité statique », ces « points de vue sur la plus démente des sauvageries », sont courants ici où « tout est trop grand, trop fruste, rien ne correspond plus à des souvenirs de grand ou petit écran. »
Ce récit de voyage d’une virée aux US est une vive dénonciation – sur un mode très humoristique et avec beaucoup de dérision – du tourisme de masse, de son organisation et de sa récupération. On y parle aussi d’écologie, de musique – de country music – de cinéma (Kevin Costner), de littérature « voyageuse » (Hillerman, Isabella Bird, John Muir…) et de l’histoire de ces « terres indiennes » des Hopis, des Anasazis, des Navajos. Bref : d’une grande partie de ce qui fait la « culture » américaine. Alors, y aller ou pas ? Peut-être la littérature suffit-elle…
Les premières lignes : « Moab, Utah. Nous arrivons du nord-ouest par la State Highway 191. L’entrée du Arches National Park, un pont sur la Colorado River et la route devient Main Street. De part et d’autres, une enfilade ininterrompue d’agences de location de VTT, moto-cross, quad, des organisateurs de balades à dos de mule, en bus, en jeep, en raft. Des restaurants, des motels. Des magasins d’accessoires de randonnée. Des bars, des hôtels. Et là, une librairie indépendante, Back of Beyond books, nom emprunté à une raison sociale fictive que l’on trouve dans les pages d’un livre de Edward Abbey. »
Arnaud Devillard est journaliste et collabore à des revues de cinéma. Il est aussi auteur d’article et de livres sur le cinéma et le Sud-Ouest des États-Unis.
dimanche 1 avril 2012
J'ai lu "Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes" de Sébastien Jallade
Sébastien JALLADE
Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes
Éditions Transboréal
Paru le 7 mars 2012
180 pages - 20,90 euros
C’est quoi les Andes ? Un « territoire
inaccessible ? » Un « enchevêtrement de couleurs sans
orgueil » ? « Tout se ressemble : une vallée, puis une
autre, un écheveau de montagnes si monotone qu’il m’empêche de trouver mon
chemin. » C’es pour essayer de répondre à ces questions, de comprendre,
que Sébastien Jallade nous propose
un incroyable périple dans Espíritu pampa
- Sur les chemins des Andes. « Marcher sur la grande route inca en
ignorant le temps présent n’aurait aucun sens. » Marcher sur le Qhapaq Ňan
– nom quechua signifiant « chemin royal » souvent traduit par le
Chemin de l’Inca – en ignorant qu’il fut un « axe majeur d’autres enjeux,
ceux de la conquête espagnole et des premières tentatives d’évangélisation »
n’aurait évidemment pas plus de sens. Le Chemin de l’Inca fut un axe essentiel
de l’économie et de la politique de l’Empire Inca. Qu’est-ce qui existait avant
cette conquête – dans le quotidien, mais aussi dans l’imaginaire ; quelles
sont les croyances qui ont façonné ce Nouveau Monde ? Qu’est-ce qu’il en
reste aujourd’hui ? Est-il possible de parvenir à un « syncrétisme »
en parcourant ces chemins ? Est-ce souhaitable ?
Sébastien Jallade a parcouru les Andes durant quatre années,
de l’Équateur à la Bolivie. Il a rencontré des gens, très différents : des
paysans – et des paysannes –, des artisans, des artistes, un librairie, une ouvrière
de poupée, un animateur de radio, des mineurs, des gens ordinaires, un peintre…
Sans se « limiter au champ étroit de la géographie », il a visité les
lieux, les plazas de armas, les
marchés aux bestiaux, les sites archéologiques de Cuzco, les sentiers
vertigineux, les places de villages, les musées, les « Bienvenido al señor turista », les
vallons froids et ventés à 4000 mètres d’altitude. Parfois en perdant son
chemin. Mais toujours à la recherche d’un « esprit », d’une
éventuelle identité collective. Il a cherché la « cité perdue », et Pachachaca,
le « pont sur le monde », la rivière Pampas et les innombrables
églises des villages andins, les canyons profonds et arides. Il a récolté les
paroles, les faits, les croyances. « Je veux toucher à ce pays-là, qui
résonne des mille visages du territoire andin, de ses habitants et du faisceau
inédit des possibilités qui s’offrent à eux. »
Parfois les jours passent « identiques et
monotones », à d’autres périodes « le vent siffle dans la pampa
interminable et le soleil se répercute sur la terre calcinée. » Et c’est à
Lima, dans les rues du quartier touristique de la ville – et aux abords du malecón – que la quête s’achève, au
moins provisoirement. Sébastien Jallade, le caminante,
le marcheur – « Je marcherais, je regarderais, je rencontrerais, je m’abreuverais »
– déjà auteur de films et animateur de sites Internet sur le sujet – ajoute son
« enquête » personnelle à la mémoire du Chemin de l’Inca. Une
impressionnante bibliographie termine ce livre, avec cette particularité, que
l’on aimerait voir plus souvent : les livres sont commentés. A ajouter sur
les étagères de récits de voyages en Amérique du Sud.
Les premières lignes : « La première fois que
j’ai découvert les routes incas, je me trouvais dans la communauté de
Tarmatambo. Le toponyme m’inspirait – il signifie « le caravansérail des taras » en langue quechua, du nom
d’un arbrisseau très présent dans les Andes. Voilà un village isolé qui était
l’hériter des chemins précolombiens. La population s’était étroitement
imbriquée autour des vestiges. Le centre cérémoniel était devenu un terrain de
football, l’église était coiffée de vielles pierres récupérées sur un temple et
les paysans cultivaient leurs champs autour de palais en ruine. »
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