Chroniques littéraires autour de la littérature de voyage et des écrivains voyageurs.
mardi 20 septembre 2011
J'ai lu "Nos cheveux blanchiront avec nos yeux" de Thomas Vinau
Un livre qui place en épigraphe le fameux « Quand on aime il faut partir » de Cendrars est un livre qu’il faut regarder de plus près.
Soit un homme qui veut s’éloigner de sa compagne, parce qu’il ressent le besoin « d’essayer des choses ». L’un des moyens les plus sûrs pour mettre de la distance est le bateau, le bon vieux bateau de pêche qui reste plusieurs jours en mer. C’est donc par là que le périple – le road-movie, pour faire moderne – de Walther commence. Puis viennent les « îles sans routes » et les villes avec hôtels et personnel avenant. Lui « a l’impression de marcher au milieu d’une galerie de tableaux magnifiques ». Prague. Bruxelles. Les Flandres. L’Espagne. Et d’autres horizons. Si loin, et si près. « Je ne suis pas chez moi ici. Je ne suis nulle part chez moi. Il y a ce gros bloc de nuit et de temps qui nous sépare. Mais je n’ai pas la sensation de subir cette distance. Au contraire, elle est toute chaude. Elle me rapproche de toi. » Ce pourrait être la conclusion de la première partie « le dehors du dedans… »
La seconde partie, intitulée « le dedans du dehors… » raconte la fin de l’errance et l’installation du couple, avec cette femme qui a su le laisser partir, et revenir, avec des questions sur la vie « à ras de terre » et l’environnement. Bouleaux, mésanges, chansons douces remplacent le port, les bruits et les lumières du voyage. Un enfant remplace les compagnons de route.
Chaque chapitre est un petit poème en prose, un instantané, avec un titre et une douzaine de lignes. Les textes décrivent le réel avec beaucoup de poésie. Un livre qui sonne bien, doux, intimiste, presque mélancolique. Saluons également le projet éditorial de ce nouvel éditeur, et l’objet réussi que nous tenons dans nos mains.
Les premières lignes : « L’idée. L’idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. Au bout de quelques temps, il comprit que les flammes ne s’éteindraient pas d’elles-mêmes. » Alma éditeur 2011.
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