Partir, voyager, aller voir ailleurs, est parfois couteux. Non seulement pour nos propres finances, mais aussi pour tout ce qui est induit par notre voyage, son « empreinte écologique » pourrait-on dire, pendant le trajet et une fois sur place. Je propose de nous intéresser au thème du « tourisme » et aux « touristes » que nous sommes parfois – souvent, un thème traité par plusieurs livres récents.
Marin de Viry se demande « si le monde est un vaste dance floor sans frontières, le mot ‘tourisme’ a-t-il encore un sens ? » et, au moyen d’anecdotes personnelles mais aussi en analysant l’évolution de cette notion dans le temps, fait un point sur notre comportement de « touristes ».
Pour Rodolphe Christin, le voyage est « une expérience unique qui nous arrache aux certitudes. » Il confronte ses souvenirs et ses analyses aux standards du monde contemporain (tourisme de masse, communication « forcenée », réseaux…) et pense que le voyageur devrait être un « arpenteur du monde, aventurier et libre. »
Vincent Noyoux nous donne le versant d’un « professionnel » du tourisme revenu de tout et de partout. Il nous promet que ce que nous allons lire « risque de bouleverser à jamais notre perception des guides de voyage » parce que, dit-il « on nous roule dans la farine. » Mais peut-être n’avions nous pas attendu cette lecture pour le savoir. J’ai quelques souvenirs du côté d’Istanbul qui m’incitent à la prudence avec les guides de voyage.
C’est par le prisme du roman que Rui Zink décrit le « tourisme de guerre ». Selon l’auteur « rien n’excite plus une bonne partie de la population mondiale que l’odeur de cadavre, la puanteur de la peur, la senteur de la chair lacérée. » De là à ce que les pays dans lesquels on trouve ces ingrédients s’organisent pour en tirer une manne économique liée à un « tourisme de guerre » – venez visiter le « manège de la mort » ! – n’est peut-être pas une hérésie…
C’est également par le biais du roman que Julien Blanc-Gras aborde le touriste, qui « inspire le dédain » et « serait un être mou, au dilettantisme disgracieux. » Et pourtant, selon le romancier, « le touriste traverse la vie, curieux et détendu, avec le soleil en prime. Il prend le temps d’être futile. De s’adonner à des activités non productives mais enrichissantes. Le monde est sa maison. Chaque ville, une victoire. »
Enfin, Franck Michel, dans une synthèse très actuelle et très complète sur le sujet, montre bien les formes dévoyées de l’esprit du voyage qui nous est cher et qu’il appelle le « voyageurisme », et dont l’antidote serait le « métissage » issu de la rencontre, de la découverte, du mélange des cultures.
Après toutes ces lectures, nous devrions avoir une meilleure idée de la façon dont nous voulons désormais voyager.
Livres cités
M. de Viry. Tous touristes. Flammarion 2010, Café Voltaire.
R. Christin. Passer les bornes. Sur le fil du voyage. Yago 2010.
V. Noyoux. Touriste professionnel. L’anti-guide de voyage. Stock 2011.
R. Zink. Le destin du touriste. Métailié 2011.
J. Blanc-Gras. Touriste. Au Diable Vauvert 2011.
F. Michel. Voyages pluriels. Echanges et mélanges. Livres du monde 2011.
Chroniques littéraires autour de la littérature de voyage et des écrivains voyageurs.
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