Sébastien JALLADE
Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes
Éditions Transboréal
Paru le 7 mars 2012
180 pages - 20,90 euros
C’est quoi les Andes ? Un « territoire
inaccessible ? » Un « enchevêtrement de couleurs sans
orgueil » ? « Tout se ressemble : une vallée, puis une
autre, un écheveau de montagnes si monotone qu’il m’empêche de trouver mon
chemin. » C’es pour essayer de répondre à ces questions, de comprendre,
que Sébastien Jallade nous propose
un incroyable périple dans Espíritu pampa
- Sur les chemins des Andes. « Marcher sur la grande route inca en
ignorant le temps présent n’aurait aucun sens. » Marcher sur le Qhapaq Ňan
– nom quechua signifiant « chemin royal » souvent traduit par le
Chemin de l’Inca – en ignorant qu’il fut un « axe majeur d’autres enjeux,
ceux de la conquête espagnole et des premières tentatives d’évangélisation »
n’aurait évidemment pas plus de sens. Le Chemin de l’Inca fut un axe essentiel
de l’économie et de la politique de l’Empire Inca. Qu’est-ce qui existait avant
cette conquête – dans le quotidien, mais aussi dans l’imaginaire ; quelles
sont les croyances qui ont façonné ce Nouveau Monde ? Qu’est-ce qu’il en
reste aujourd’hui ? Est-il possible de parvenir à un « syncrétisme »
en parcourant ces chemins ? Est-ce souhaitable ?
Sébastien Jallade a parcouru les Andes durant quatre années,
de l’Équateur à la Bolivie. Il a rencontré des gens, très différents : des
paysans – et des paysannes –, des artisans, des artistes, un librairie, une ouvrière
de poupée, un animateur de radio, des mineurs, des gens ordinaires, un peintre…
Sans se « limiter au champ étroit de la géographie », il a visité les
lieux, les plazas de armas, les
marchés aux bestiaux, les sites archéologiques de Cuzco, les sentiers
vertigineux, les places de villages, les musées, les « Bienvenido al señor turista », les
vallons froids et ventés à 4000 mètres d’altitude. Parfois en perdant son
chemin. Mais toujours à la recherche d’un « esprit », d’une
éventuelle identité collective. Il a cherché la « cité perdue », et Pachachaca,
le « pont sur le monde », la rivière Pampas et les innombrables
églises des villages andins, les canyons profonds et arides. Il a récolté les
paroles, les faits, les croyances. « Je veux toucher à ce pays-là, qui
résonne des mille visages du territoire andin, de ses habitants et du faisceau
inédit des possibilités qui s’offrent à eux. »
Parfois les jours passent « identiques et
monotones », à d’autres périodes « le vent siffle dans la pampa
interminable et le soleil se répercute sur la terre calcinée. » Et c’est à
Lima, dans les rues du quartier touristique de la ville – et aux abords du malecón – que la quête s’achève, au
moins provisoirement. Sébastien Jallade, le caminante,
le marcheur – « Je marcherais, je regarderais, je rencontrerais, je m’abreuverais »
– déjà auteur de films et animateur de sites Internet sur le sujet – ajoute son
« enquête » personnelle à la mémoire du Chemin de l’Inca. Une
impressionnante bibliographie termine ce livre, avec cette particularité, que
l’on aimerait voir plus souvent : les livres sont commentés. A ajouter sur
les étagères de récits de voyages en Amérique du Sud.
Les premières lignes : « La première fois que
j’ai découvert les routes incas, je me trouvais dans la communauté de
Tarmatambo. Le toponyme m’inspirait – il signifie « le caravansérail des taras » en langue quechua, du nom
d’un arbrisseau très présent dans les Andes. Voilà un village isolé qui était
l’hériter des chemins précolombiens. La population s’était étroitement
imbriquée autour des vestiges. Le centre cérémoniel était devenu un terrain de
football, l’église était coiffée de vielles pierres récupérées sur un temple et
les paysans cultivaient leurs champs autour de palais en ruine. »
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