dimanche 16 mars 2014

J'ai lu "Théorie de la carte postale" de Sébastien Lapaque



Sébastien LAPAQUE
Théorie de la carte postale
Actes Sud, 2014
112p, 10€

On le sait : les idées et les questions viennent en marchant… Au début du récit, un homme flâne dans les rues du Quartier Latin et se demande comment, parmi ses projets d’écriture – « des projets, il n’avait que cela, des livres qu’il voulait écrire et des livres qu’il n’écrirait jamais » – il pourrait avancer dans sa Théorie de la carte postale, un livre à « l’image encore un peu floue. Il en possédait la mélodie, mais en cherchait l’harmonie. » 

Tout au long de ce petit livre amusant, qui part dans plusieurs directions – exemples de cartes postales retrouvées, textes réels et textes à inventer, histoire de l’aéropostale… – il s’agit d’une réflexion en cours, dans le but d’écrire un livre sur la carte postale… – nous suivrons le marcheur-auteur dans ses recherches et réflexions. Qu’est-ce qu’une carte postale ? Qu’est-ce qu’elle n’est pas ? Quelle est son utilité, ou sa finalité ? Quelle est la poésie qui sourd d’une carte postale ? Écrire une carte postale est-il un « acte de résistance » ? Est-ce qu’on écrit une carte postale avec des idées ou avec « des mots, des jolis mots de tous les jours » ? Écrire une carte postale, est-ce un devoir ou un jeu ? Un emploi ou un passe-temps ? Quand l’écrire, où, à qui, comment, pourquoi ? « Au verso, Chambord, la chapelle Sixtine, le Corcovado, Guernica, la Joconde (…) ; au recto : pain, carottes, huiles d’olive, lait, câpres, moutarde, citrons, tomates, côtes d’agneau. »

A la fin du récit, l’auteur disposera de tous les éléments pour commencer la rédaction de sa Théorie… y compris, peut-être, une conclusion : « La carte postale, c’était donc les mots alliés avec la vie. Dans l’empire de la marchandise, c’étaient l’amour et l’amitié tracés en belles lettres avec la main, le bonheur et la beauté racontés avec de l’encre et du papier. » L’auteur cite je journal Ouest France, qui écrit : « La correspondance par mail n’aura pas raison de la carte postale. »  Souhaitons-le. Et pour maintenir tout ce qu’une carte postale véhicule (dans la relation, dans le contenu, dans le geste, dans le choix des mots et des illustrations), continuons de remplir ces petits cartons, n’importe où, n’importe quand. Et faisons nôtre cette apostrophe extraite du Roman inachevé d’Aragon : « Garçon, de quoi écrire. »

Né à Tübingen le 2 février 1971, Sébastien Lapaque est romancier, essayiste et critique au Figaro littéraire.

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