Attention : Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? de Pierre Bayard est un livre qui casse les mythes, qui brise les rêves… C’est cruel, mais certains voyages, et donc certains récits, seraient trop beaux pour être vrais. Si des voyageurs, des explorateurs, des baroudeurs, des bourlingueurs ont bien sillonné la planète, d’autres, après avoir pesé les contraintes inhérentes au voyage, ont estimé qu’il était « plus sage » de fréquenter le monde « sous d’autres formes que celle du déplacement physique. » Ces « voyageurs casaniers », dont il est question dans ce livre, ne sont jamais allés dans les lieux dont ils parlent, « ce qui ne les a nullement empêché d’être intarissables à leurs propos et de nous les rendre, grâce à la force de l’écriture, souvent plus présents que n’ont su le faire ceux qui avaient jugé indispensable de s’y déplacer. » Il est vrai que l’on peut lire de la bonne littérature policière sans pour autant qu’elle soit écrite par des bandits ni des criminels.
Commençons par quelques voyageurs célèbres pour lesquels il est admis que les écrits ne sont pas – ou probablement pas – liés à un réel déplacement. Pierre Bayard les classe en plusieurs types. Il y a celui qui n’est pas allé là où on l’attend : Marco Polo. L’auteur reprend une thèse établissant que le célèbre voyageur vénitien n’aurait pas dépassé Constantinople – si même il est allé jusque là. Mais il ne manquait pas d’imagination, et son « devisement » du monde est encore un magnifique récit. Autre type : celui qui écrit sur des lieux « oubliés » : Chateaubriand. Écrivain à juste titre réputé pour « la qualité de son écriture et la puissance poétique de ses évocation », il faut pourtant bien admettre qu’il n’est pas à l’aise avec « l’exactitude géographique ». Le fait de ne pas avoir visité un lieu « ne constitue nullement, pour Chateaubriand, un obstacle à une description attentive et minutieuse. » Il est vrai qu’il a beaucoup écrit, et plusieurs années après ses voyages, aux États-Unis, par exemple. On se souvient de la superbe prose de Chateaubriand. Mais pour les grands frissons aux bords des chutes du Niagara… Il n’y a aucune certitude qu’il y soit passé un jour. Un dernier, pour la route, et non des moindres : Blaise Cendrars, qui aurait pris « le plus célèbre train du monde en restant en gare. » La construction du poème – entrecroisements des époques, confusions des lieux –, et la puissance évocatrice de « La prose du Transsibérien… » arrachent toutes les réticences et désorientent le lecteur. Et l’on sait que Cendrars savait mêler la réalité et la fiction (L’Or).
Je ne dévoilerai pas tous les auteurs cités, dans tous les genres : récits de voyage, bien sûr, mais aussi en anthropologie, dans le journalisme, dans le sport et même… en amour. Mais je vous propose une rapide synthèse des ingrédients nécessaires pour raconter ce que l’on n’a pas vu. Au cas où.
Du côté de l’écrivain : des méthodes, des techniques. Faire des choix parmi tous les paysages possibles, privilégier, insister sur quelques sites ou lieux. Avoir beaucoup d’imagination et de conviction. Mettre en scène le réel, avoir le sens du « faux réalisme ». Être précis mais rester ambigu ; ancrer sa description dans des « détails vrais », mais laisser des portes ouvertes à l’imagination du lecteur. S’éloigner de la réalité – « comme si la vérité du lieu n’était pas dans le lieu » – mais rester dans « l’imagination commune » et acceptable voire attendue par les lecteurs.
Du côté du lecteur : « Les lieux que nous ne connaissons pas fonctionnent à l’instar du rêve ou de la rêverie diurne, ils offrent un espace privilégié pour déployer des fantaisies inconscientes. » Souvent « complice bienveillant », le lecteur se voit souvent proposer le discours qu’il souhaite entendre. Le lecteur est prêt à partir avec Cendrars ou Chateaubriand ou Marco Polo. Et puis « capter la vérité profonde » des lieux et des êtres et la restituer dans ses récits : n’est-ce pas ce que nous attendons de l’écrivain ? Qu’il se soit déplacé ou non n’a peut-être pas, dans le domaine de la littérature, tant d’importance. Ah, la puissance des mots…
Les premières lignes : « Les inconvénients des voyages ont été suffisamment étudiés pour que je ne m’attarde pas sur le sujet. Démuni face aux animaux sauvages, aux intempéries et aux maladies, le corps humain n’est à l’évidence nullement fait pour quitter sont habitat traditionnel et moins encore pour se déplacer dans des terres éloignées de celles où Dieu l’a fait vivre. » Les éditions de Minuit 2012.
Pierre Bayard - Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? Les éditions de Minuit2012 - http://www.leseditionsdeminuit.fr
160 p. -15 € - ISBN : 9782707322142
Pierre Bayard (1954) est professeur de littérature française à l'Université de Paris VIII et psychanalyste. Il est l’auteur (entre autres livres) de « Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? » (Minuit, 2007) « Et si les œuvres changeaient d'auteur ? » (Minuit, 2010).
Chroniques littéraires autour de la littérature de voyage et des écrivains voyageurs.
samedi 18 février 2012
dimanche 5 février 2012
J'ai lu "Chroniques de l'Occident nomade" de Aude Seigne
Un jour, devant «la mer scintillante comme un désert bleu», c’est la révélation. «Le désert de glace aveugle et défile alors que le ciel est d’un bleu pâle infini. J’ai quinze ans mais je ne me suis jamais réveillée sur un tel panorama et des milliers de générations d’humains ont dû le faire tous les jours avant moi. Quelque chose craque en moi ce jour-là, une paroi se rompt sans crier gare, la possibilité de l’abîme se dévoile en même temps que celle du bonheur absolu.» Reprenant les réflexions de Nicolas Bouvier, Aude Seigne découvre que l’état nomade à quelque chose à lui apprendre. «On ne sait pas très bien pour quoi on s’embarque quand on commence à voyager, mais comme dans un roman, tout est déjà là dès l’incipit.» Alors Aude Seigne est partie. Ce livre est une pause dans l’errance de cette jeune « bourlingueuse du XXIe siècle », un moment d’écriture, un point sur elle-même, avant d’autres probables départs.
Pour la voyageuse, le voyage permet toujours de se découvrir soi-même – même si l’on pense se connaître, « il y a des moments où je ne sais plus très bien d’où viennent certains confins de moi-même » – et permet de vérifier que voyage et amours sont étroitement liés. « Comment aller à la rencontre de l’autre ? C’est la question de l’amour, de l’amitié, c’est aussi la question des voyages. » Et là aussi les découvertes se suivent. «Comment la timide collégienne au caractère doux et effacé que j’étais il y a peu encore se retrouve-t-elle un jour dans un avion pour rejoindre à Rome un jeune Cambridgien qui fut son amant d’une nuit?» Nous sommes tous passés par là. Même sans prendre un avion. Et peut-être sommes-nous aussi arrivés à l’idée que «l’amour absolu existe. Mais il n’existe que parce qu’il est irréaliste. Il n’est pas de ce monde.»
Le voyage, les rencontres, permettent de se poser des questions, et de mieux comprendre le monde actuel et les difficultés à s’écouter et à se comprendre. Exemple avec ces Indiens qui regardent une chaîne de télé diffusant des clips de chanteuses, des « femmes aux corps sublimes qui se trémoussent en strings », images non seulement bien loin de leurs préoccupations, mais qui faussent leurs regards : «ce qu’ils ne savent pas, c’est que ces images sont aussi irréelles pour nous que pour eux. Et c’est là qu’il y a incompréhension.» Quant aux lieux, faut-il les décrire, pour qui, comment ? Ou bien est-ce l’esprit du voyage qui doit compter avant tout ? Réponse : « Ce sont les rues qui font un pays, ce sont les rues qui font qu’on y est allé. Tout le reste se trouve sur Internet ou dans des livres de voyage, guides, livres d’art ou portfolio.»
C’est en écrivant sur sa «Russie malheureuse», ou sur son « obsession, parfois, d’aller au bout des choses », sur ses peurs, sur ses «attentes démesurées» et ses déceptions, ses moments difficiles – nombreux, voire ses désillusions, ou bien sur les lieux qu’elle considère comme sa «géographie personnelle», sur ces endroits où elle «pourrait s’installer plusieurs mois seule avec le vent et la lumière», ou sur ces «instants clos», ces quelques instants vécus «comme de petits voyages poétiques à l’intérieur de plus grands voyages réels» ; c’est en (se) posant des questions comme désir ou besoin de partir ?; c’est en écrivant sur tout cela que Aude Seigne confirme que tout est lié, imbriqué. On ne parle pas du voyage, de l’amour, de l’écriture, de la lecture, de façon indépendante. «J’allais écrire qu’il y a beaucoup à dire sur le lien aimer-voyager. Mais il y a également beaucoup à dire sur lire-voyager, sur écrire-aimer et donc sur lire-écrire-aimer-voyager.»
Le livre est constitué de petits chapitres qui mêlent donc les voyages, les époques, les souvenirs, les idées. «C’est cela que je dois faire. Ce n’est pas me forcer à écrire des histoires cohérentes, bouclées, finies, sur des voyages que je ne vois plus de manière isolée. J’ai besoin de dire le travail de la mémoire.» Alors ne comptez pas lire un récit de voyage… Mais plutôt de petites histoires, des sensations, des nuances. «Je vous raconte le monde dans sa discontinuité.» Le tout avec beaucoup de sensibilité. Comme ce chapitre consacré au dimanche. La vacuité du dimanche. Arriver dans une ville un dimanche. Du coup «la récurrence fait son travail signifiant.» Kiev, Eger, Trieste livrent des souvenirs et des sensations liées aux dimanches. «Je bois mon capuccino, ce moment, ces minutes. Les passants marchent lentement. Dimanche.» (Jacques Lacarrière a écrit « un dimanche cela ne se voit guère dans un paysage », mais il marchait alors dans la campagne française des années 70…)
Si, comme les vraies voyageuses, Aude sait savourer l’instant présent, elle sait aussi parfaitement le décrire pour que chaque lecteur (re)trouve sa propre sensation. «J’étais entrée dans cette librairie d’occasion comme un point d’éternité. La vie superbe. L’instant était là, parfait, uni, tremblant.» Et si elle reconnait que « les mots des autres on bercé ma vie », elle n’est pas du genre à raconter des « exploits » comme ceux qui couvrent les pages d’une certaine « littérature dite nomade ». Aude Seigne raconte de préférence les choses les plus simples, les plus subtiles : «j’entends le silence » Ou «Les ombres tournent». Enfin : «S’allonger dans le désert sans dormir et se taire.» En effet : que dire de plus ? Il ne reste plus qu’à écouter la voyageuse : «ailleurs est à la porte» et «partir est le meilleur moment.»
Les premières lignes : « Comment cela a-t-il commencé au juste ? Pourquoi ce mouvement tout à coup, ces ailleurs, ces hommes ? Est-ce que j’écris sur les voyages, est-ce que j’écris sur l’amour ? Difficile à dire. Au début du mouvement, je vois un ferry qui arrive sur la Grèce un matin de juillet. J’ai quinze ans. Je me couche un soir sur le pont à Brindisi. J’ai quinze ans. Je vois mes compagnons de voyages dérouler un fin matelas de camping sur le ponton crasseux. Il n’y a pas un mètre carré de libre, il faut enjamber ces îles humaines comme on traverserait une rivière au lit peu marqué. J’entends d’ici la réaction petite bourgeoise qui crie en moi. Mais on ne va pas dormir ici quand même ? »
Aude SEIGNE
Chronique de l’Occident nomade
Édition originale : Paulette Éditions, févier 2011.
Éditions Zoé, octobre 2011
http://www.editionszoe.ch/
144p
16€
Prix Nicolas Bouvier 2011
Aude Seigne est née le 14 février 1985 et vit à Genève. Elle a reçu pour ce récit le prix Nicolas Bouvier 2011 remis lors du festival Étonnants Voyageurs de Saint Malo. Outre sa participation à plusieurs ouvrages collectifs, elle a aussi publié « Variation sur un hiver amoureux », un recueil de poèmes, aux éditions Baudelaire.Site Internet : http://www.audeseigne.com/
Pour la voyageuse, le voyage permet toujours de se découvrir soi-même – même si l’on pense se connaître, « il y a des moments où je ne sais plus très bien d’où viennent certains confins de moi-même » – et permet de vérifier que voyage et amours sont étroitement liés. « Comment aller à la rencontre de l’autre ? C’est la question de l’amour, de l’amitié, c’est aussi la question des voyages. » Et là aussi les découvertes se suivent. «Comment la timide collégienne au caractère doux et effacé que j’étais il y a peu encore se retrouve-t-elle un jour dans un avion pour rejoindre à Rome un jeune Cambridgien qui fut son amant d’une nuit?» Nous sommes tous passés par là. Même sans prendre un avion. Et peut-être sommes-nous aussi arrivés à l’idée que «l’amour absolu existe. Mais il n’existe que parce qu’il est irréaliste. Il n’est pas de ce monde.»
Le voyage, les rencontres, permettent de se poser des questions, et de mieux comprendre le monde actuel et les difficultés à s’écouter et à se comprendre. Exemple avec ces Indiens qui regardent une chaîne de télé diffusant des clips de chanteuses, des « femmes aux corps sublimes qui se trémoussent en strings », images non seulement bien loin de leurs préoccupations, mais qui faussent leurs regards : «ce qu’ils ne savent pas, c’est que ces images sont aussi irréelles pour nous que pour eux. Et c’est là qu’il y a incompréhension.» Quant aux lieux, faut-il les décrire, pour qui, comment ? Ou bien est-ce l’esprit du voyage qui doit compter avant tout ? Réponse : « Ce sont les rues qui font un pays, ce sont les rues qui font qu’on y est allé. Tout le reste se trouve sur Internet ou dans des livres de voyage, guides, livres d’art ou portfolio.»
C’est en écrivant sur sa «Russie malheureuse», ou sur son « obsession, parfois, d’aller au bout des choses », sur ses peurs, sur ses «attentes démesurées» et ses déceptions, ses moments difficiles – nombreux, voire ses désillusions, ou bien sur les lieux qu’elle considère comme sa «géographie personnelle», sur ces endroits où elle «pourrait s’installer plusieurs mois seule avec le vent et la lumière», ou sur ces «instants clos», ces quelques instants vécus «comme de petits voyages poétiques à l’intérieur de plus grands voyages réels» ; c’est en (se) posant des questions comme désir ou besoin de partir ?; c’est en écrivant sur tout cela que Aude Seigne confirme que tout est lié, imbriqué. On ne parle pas du voyage, de l’amour, de l’écriture, de la lecture, de façon indépendante. «J’allais écrire qu’il y a beaucoup à dire sur le lien aimer-voyager. Mais il y a également beaucoup à dire sur lire-voyager, sur écrire-aimer et donc sur lire-écrire-aimer-voyager.»
Le livre est constitué de petits chapitres qui mêlent donc les voyages, les époques, les souvenirs, les idées. «C’est cela que je dois faire. Ce n’est pas me forcer à écrire des histoires cohérentes, bouclées, finies, sur des voyages que je ne vois plus de manière isolée. J’ai besoin de dire le travail de la mémoire.» Alors ne comptez pas lire un récit de voyage… Mais plutôt de petites histoires, des sensations, des nuances. «Je vous raconte le monde dans sa discontinuité.» Le tout avec beaucoup de sensibilité. Comme ce chapitre consacré au dimanche. La vacuité du dimanche. Arriver dans une ville un dimanche. Du coup «la récurrence fait son travail signifiant.» Kiev, Eger, Trieste livrent des souvenirs et des sensations liées aux dimanches. «Je bois mon capuccino, ce moment, ces minutes. Les passants marchent lentement. Dimanche.» (Jacques Lacarrière a écrit « un dimanche cela ne se voit guère dans un paysage », mais il marchait alors dans la campagne française des années 70…)
Si, comme les vraies voyageuses, Aude sait savourer l’instant présent, elle sait aussi parfaitement le décrire pour que chaque lecteur (re)trouve sa propre sensation. «J’étais entrée dans cette librairie d’occasion comme un point d’éternité. La vie superbe. L’instant était là, parfait, uni, tremblant.» Et si elle reconnait que « les mots des autres on bercé ma vie », elle n’est pas du genre à raconter des « exploits » comme ceux qui couvrent les pages d’une certaine « littérature dite nomade ». Aude Seigne raconte de préférence les choses les plus simples, les plus subtiles : «j’entends le silence » Ou «Les ombres tournent». Enfin : «S’allonger dans le désert sans dormir et se taire.» En effet : que dire de plus ? Il ne reste plus qu’à écouter la voyageuse : «ailleurs est à la porte» et «partir est le meilleur moment.»
Les premières lignes : « Comment cela a-t-il commencé au juste ? Pourquoi ce mouvement tout à coup, ces ailleurs, ces hommes ? Est-ce que j’écris sur les voyages, est-ce que j’écris sur l’amour ? Difficile à dire. Au début du mouvement, je vois un ferry qui arrive sur la Grèce un matin de juillet. J’ai quinze ans. Je me couche un soir sur le pont à Brindisi. J’ai quinze ans. Je vois mes compagnons de voyages dérouler un fin matelas de camping sur le ponton crasseux. Il n’y a pas un mètre carré de libre, il faut enjamber ces îles humaines comme on traverserait une rivière au lit peu marqué. J’entends d’ici la réaction petite bourgeoise qui crie en moi. Mais on ne va pas dormir ici quand même ? »
Aude SEIGNE
Chronique de l’Occident nomade
Édition originale : Paulette Éditions, févier 2011.
Éditions Zoé, octobre 2011
http://www.editionszoe.ch/
144p
16€
Prix Nicolas Bouvier 2011
Aude Seigne est née le 14 février 1985 et vit à Genève. Elle a reçu pour ce récit le prix Nicolas Bouvier 2011 remis lors du festival Étonnants Voyageurs de Saint Malo. Outre sa participation à plusieurs ouvrages collectifs, elle a aussi publié « Variation sur un hiver amoureux », un recueil de poèmes, aux éditions Baudelaire.Site Internet : http://www.audeseigne.com/
dimanche 15 janvier 2012
J’ai lu « Le Joailler d’Ispahan » de Danielle Digne
Le Joailler d’Ispahan, de Danielle Digne, est une biographie romancée, écrite à la première personne du singulier, qui retrace une période de la vie de Jean Chardin (1643-1713), joailler, connu pour avoir effectué plusieurs voyages en Perse et séjourné à Ispahan à la fin du XVIIe siècle. Il deviendra même je joailler du Shah Abbas II. Le roman est très intéressant, l’auteure, bien documentée – sur les voyages et les voyageurs du Grand Siècle, sur la poésie iranienne et la pensée soufie – décrit de façon plaisante à lire ce qui est très plausible : tempêtes en mer, repas à la cour, vie quotidienne des persans et des étrangers, travail des joaillers. Beaucoup d’information aussi sur les protestants, ou sur la « magie des pierres précieuses ». Elle ajoute quelques passages « romanesques », comme la relation avec la « plus belle des courtisanes » mais ces éléments ne nuisent en rien à la lecture de ce roman historique dont les fondations sont les authentiques pérégrinations de Chardin.
Les voyages et les récits que Jean Chardin publiera à partir de 1686, seront à l’origine d’un engouement et d’une mode pour les récits de voyage, notamment les récits de voyage en « Perse », et les Lettres persanes de Montesquieu seront un hommage au voyageur, tout en s’en moquant. « La vogue des soies, des brocarts, des turquoises et des tapis serait ainsi lancée de telle sorte que les courtisans du futur château de Versailles se voudraient tous persans. »
Un excellent roman historique, agrémenté de quelques reproductions de dessins de l’époque de Guillaume-Joseph Grelot. Dépaysement garanti.
Les premières lignes : « D’aussi loin que je me souvienne, les diamants m’ont toujours fascinés. A cela rien d’étrange pour le fils d’un joailler. Si je partis en acquérir dans le Sud des Indes très jeune, je m’en détachai peu à peu en Perse, attiré par d’autres richesses. Cette longue histoire commença sur les quais de la Seine, où je naquis le 23 novembre 1643, l’année où Louis XIV devint roi. » Editions Le Passage 2011.
De Jean Chardin
Voyage de Paris à Ispahan. 2 tomes. Editions de la Découverte, 1993.
Voyages en Perse. Extraits. Editions Phébus, 2007.
Voyages en Perse et autres lieux de l’Orient. Editions Gérard Monfort, 2007.
Sur Jean Chardin
Chardin le Persan. Dirk Van der Cruysse. Fayard 1998.
Les voyages et les récits que Jean Chardin publiera à partir de 1686, seront à l’origine d’un engouement et d’une mode pour les récits de voyage, notamment les récits de voyage en « Perse », et les Lettres persanes de Montesquieu seront un hommage au voyageur, tout en s’en moquant. « La vogue des soies, des brocarts, des turquoises et des tapis serait ainsi lancée de telle sorte que les courtisans du futur château de Versailles se voudraient tous persans. »
Un excellent roman historique, agrémenté de quelques reproductions de dessins de l’époque de Guillaume-Joseph Grelot. Dépaysement garanti.
Les premières lignes : « D’aussi loin que je me souvienne, les diamants m’ont toujours fascinés. A cela rien d’étrange pour le fils d’un joailler. Si je partis en acquérir dans le Sud des Indes très jeune, je m’en détachai peu à peu en Perse, attiré par d’autres richesses. Cette longue histoire commença sur les quais de la Seine, où je naquis le 23 novembre 1643, l’année où Louis XIV devint roi. » Editions Le Passage 2011.
De Jean Chardin
Voyage de Paris à Ispahan. 2 tomes. Editions de la Découverte, 1993.
Voyages en Perse. Extraits. Editions Phébus, 2007.
Voyages en Perse et autres lieux de l’Orient. Editions Gérard Monfort, 2007.
Sur Jean Chardin
Chardin le Persan. Dirk Van der Cruysse. Fayard 1998.
mercredi 28 décembre 2011
J'ai lu "Conrad. Le voyageur de l'inquiétude" d'Olivier Weber
Olivier Weber
Conrad. Le voyageur de l’inquiétude
Arthaud 2011.
Retrouvons Joseph Conrad (1857-1924) dans ce qu’Olivier Weber appelle une « simple promenade littéraire en sa compagnie », et sous un aspect, une « lucarne » ignorée, selon l’auteur de cette biographie, celle de l’inquiétude, celle de ses angoisses. En effet, pour Weber, Conrad, cet auteur de récit d’aventures, pour qui le paysage est un élément important du récit, serait aussi et autant un « aventurier du dedans », et ses récits seraient des « plongées dans les tréfonds de la nature humaine » à partir d’un échec ou d’une faute.
Dans le chapitre « Larguer les amarres », Olivier Weber sait nous faire sentir la « chaleur lourde », la « fièvre » qui doit saisir Conrad lors de ses premières escales à Bornéo à partir de 1887, quand il s’appelait encore Korzeniowski. La terre et la mer seront la matière des futurs récits qui s’ébauchent ici. Plus loin, Weber revient sur l’enfance de Joseph, très tôt orphelin, sur ses relations familiales, et finalement sur ce « désir de rompre avec tout » et l’idée d’une mer « terrible et merveilleuse ». Vient alors le temps de l’appel du large, de l’apprentissage du déchaînement de la nature, le temps de courir les mers, une mer « à la fois belle et cruelle », le temps de la découverte de la « double petitesse de l’homme face à l’univers et à son désarroi ». Peur, effroi, inquiétude… A la variété inouïe des paysages, Conrad ajoutera « un portulan des émotions cristallisées dans ces décors géographiques et humains. » On lira bien sûr quelques pages sur la navigation du fleuve Congo, genèse de Au cœur des ténèbres – un récit à mettre dans toutes les bonnes bibliothèques – confirmation des lois de la nature humaine et de celles de la nature tout court.
Enfin, à trente-huit ans, après vingt ans de navigation, Conrad « raccroche son uniforme de marin ». Désormais il va se consacrer à l’écriture… et à la vie de famille. Il lui reste trente ans à vivre. « Faire voir », écrivait Conrad quand il parlait de ses livres et de ce qu’il voulait faire. Ce qui rappelle le « sortir, aller là-haut et voir » de Kenneth White. Après avoir vu de ses yeux, Conrad, explorateur des mers et de la nature humaine, va essayer de nous faire voir, à nous, lecteurs. La Folie Almayer (son premier livre publié, en 1896), le Nègre du Narcisse, Typhon, Un paria des îles… Autant de récits qui, pour Weber, vont « au-delà du roman d’aventure » et qui proposent « une expédition qui est celle de l’esprit, avec ses drames, ses bateaux ivres qui remontent des fleuves fabuleux ».
Une « biographie » très bien écrite, riche de bruits, de sons, d’odeurs, de tangage et de roulis, de mots ; une « promenade littéraire », comme annoncée dans l’introduction, qui se lit très bien, et qui donne furieusement envie de se (re)plonger dans quelques romans ou récits de Conrad.
Les premières lignes : « Des flots de boue, un bras de mer qui se confond entre rivière et large, une forêt improbable. Bornéo est un paradis et en enfer, un lieu de rédemption et le creuset de tous les désespoirs. Les bruits de la jungle ne laissent jamais indifférents, comme si une terreur secrète se cachait dans le tronc des arbres et sur le velours des feuilles luxuriantes. Il appartient à chacun de saisir dans cette sylve angoissante ou prometteuse le miroir de ses affres ou le reflet des espérances de l’homme. » Arthaud 2011.
mardi 20 décembre 2011
J'ai lu "Karen et moi" de Nathalie Skowronek

Karen et moi
Arléa 2011
« J’avais une ferme en Afrique. Au pied des montagnes du Ngong. »
La narratrice de Karen et moi (qui est peut-être l’auteure, peut-être pas, il est indiqué « roman » sur la page de titre), découvre Karen Blixen à l’âge de onze ans, sous une tente, au Kenya, lors d’un voyage avec ses parents. La Ferme africaine est une révélation. La révélation que les vies des un(e)s et des autres se ressemblent. La révélation que les vies des un(e)s peuvent aider les autres à vivre. Et alors que rien ne la destinait à l’écriture – mais nos choix sont-ils des choix ? devenir vendeuse dans une boutique est-il un choix ? – écrire la vie de Karen Blixen sera un objectif obsédant. Parce qu’elle sent qu’écrire cette vie va l’aider à réaliser la sienne.
Le père de Karen se suicide quand elle a dix ans. Il lègue son héritage à sa « fille préférée ». Le père de la narratrice « donne parfois l’impression d’être le spectateur de sa propre vie. » A l’âge de vingt-six ans Karen part en Afrique avec un homme qui n’est pas celui qu’elle aime. Mais elle a d’autres rêves, et c’est peut-être le bon moment. Sa mère la soutient. La narratrice, qui a pourtant appris de son grand-père « ce qu’étaient ces sentiments d’urgence et de précarité, lui qui ne sortait jamais de chez lui sans une petite bourse remplie de diamants, son passeport pour pouvoir tout quitter, s’enfuir à tout instant », ne sait pas encore si elle doit continuer de faire semblant ou de tout lâcher.
Au fil du temps, de la narration, de la biographie, nous passons en permanence de paragraphes consacrés à Karen Blixen – à sa personnalité, aux traits les plus marquants de sa personnalité, de son caractère, à ses aventures, aux significations de ces aventures, de sa quête, de ses échecs – à des paragraphes dans lesquels la narratrice analyse son propre comportement à la lumière de celui de Karen, la femme modèle, son comportement dans la vie, dans ses relations avec les autres, et aussi sa relation avec l’écriture.
« Je le porte en moi, ce livre que je voudrais écrire. Je voudrais raconter la vie de Karen Blixen. Cette femme me parle. Karen est ma sœur, son chemin est le mien. Je voudrais dire ses désirs, ses épreuves, son besoin d’exister. Tracer les contours de ce qui l’amène à créer. J’ai l’impression qu’en parlant d’elle j’arriverai à parler de moi. Je suis lasse, lasse de mentir. Et comme Karen, j’ai l’espoir que l’écriture pourra me sauver. »
Cette phrase résume le livre, et la rédaction du livre dans le livre se poursuit donc, avec tous les grands moments de la vie de Karen, et notamment sa rencontre avec Denys. Et le retour au pays, après l’échec en Afrique. Mais un retour qui ramène une expérience et un contenu qui servira plus tard dans les contes et les récits. Quelques belles phrases, pleines d’émotion, et de sens. « Elle a vendu ses terres, sa maison, ses meubles, sa vaisselle, son horloge, ses vêtements. Elle n’emporte que treize malles contenant les restes de ses dix-sept années passées au Kenya. Et notamment ses verres en cristal : les lèvres et les mains de mes amis les avaient touchés, je n’ai pas pu m’en séparer. »
Treize malles et quelques verres, n’est-ce pas suffisant, semblent nous dire Karen et la narratrice ? Qu’est-ce qui est important dans la vie, dans sa vie ? Qu’est-ce que l’on reçoit, qu’est-ce que l’on transmet ? Et comment ? Et quel est le poids de la société, des conventions contre lesquelles il faut faire attention, au risque de se laisser enfermer ? Finalement le message de Karen pourrait être : « ne pas craindre d’avoir de grands rêves, aller voir le vaste monde, placer la liberté au plus haut. »
Les premières lignes : « Les volumes s’accumulent sur la table de mon bureau. Des éditions courantes, des traductions. Je les classe en piles et corne des pages. Je prends des notes, aussi. Dans le tas, il y a un essai en danois sur le père de Karen – je ne lis pas le danois, mais il me semble me rapprocher d’elle –, quelques ouvrages illustrés, puis les romans, les contes et la correspondance. Appuyés contre la fenêtre, d’autres livres, mes compagnons de route, les Mémoires d’Hadrien, Aurélien, L’Appel de la forêt. Ils me servent de repères. » Ed. Arléa 2011.
lundi 19 décembre 2011
J'ai lu "Brueghel en mes domaines" de Lionel-Edouard Martin
Lionel-Édouard Martin
Brueghel en mes domaines
Petites proses sur fond de lieux
Le Vampire Actif 2011
Cent quarante poèmes en prose ou « proses poétiques » composent ce recueil de textes méditatifs, de poésie du lieu et du souvenir. Cent quarante textes qui pourraient avoir comme point de départ cette phrase de Cendrars, citée en exergue au dernier chapitre, au dernier « lieu » visité : « Tout s’imprime en moi et c’est peut-être la pure poésie que de se laisser imprégner et de déchiffrer en soi-même la signature des choses ». Cent quarante bribes de journal intime, ce qui reste – l’essentiel – quand on a enlevé le superflu.
Certains textes parlent des lieux, de gestes, d’odeurs, de paysages. La mare, la route.
« La route voudrait parfois saisir le ciel, l’étouffer dans ses courbes – ce groupe antique du supplice de Laocoon. Ce n’est pas en vain que l’on dit qu’elle serpente. Elle prend appui sur les collines, s’annelle, s’exhausse. Mais le ciel est bien trop haut, trop vaste aussi, pour accéder à son étreinte. Alors ; gagnant l’ubac, elle reflue sur l’autre versant, va dans les vallées, tâche d’hiberner sous les tunnels pour oublier les anges. »
D’autres textes sont plus près des objets, des choses, des choses, souvent perdues. La mère du vinaigrier. Une brouette « un jour, à l’arrêt sous une charmille, à tendre portée de main d’homme. » Des choses mais aussi des bruits, des sons. Et pour un poète, les sons sont des mots. Jeux de lettres, de mots, jeux de sons. La marche d’un escalier qui craque est une consonne. La pluie « fine, sans vent, sème un semis de voyelles claires. »
« On sort de la poésie par la prose » écrit L-É Martin, qui nous propose ici un très beau voyage dans ses lieux – la Martinique, un TGV, Haïti, le Maroc – dans ses souvenirs – enfance – et dans la langue, avec une écriture sensible et un vocabulaire précis qui oblige parfois, pour certains mots inusités, à recourir au dictionnaire. Un livre de « poésie » c’est à dire qui nous emmène au-delà des contrées habituelles, qui ne se laisse pas trop facilement visiter et dans lequel on apprend quelque chose, n’est-ce pas appréciable ?
Les premières lignes : « La route procède du piétinement, du mollet roidi par l’effort. Dans ma langue maternelle, le français, tout pas est négation, qui rabat les branchages, trousse l’herbe, tasse le sol. L’itinéraire d’une pensée, d’un désir, est ce qui, dans la terre, fonde la voie – et l’ouvre. (…)
dimanche 18 décembre 2011
J'ai lu "Paris au pied de la lettre - un guide littéraire"
Anthologie - Paris au pied de la lettre - Un guide littéraire
Présenté sous la forme d’un guide touristique (À ne pas manquer ; À voir, à faire ; Paris la nuit ; petits budgets…) cette anthologie de textes est un régal. Et si certains de ces textes sont extraits de livres connus (Le piéton de Paris, de Léon-Paul Fargue, par exemple), d’autres sont de véritables surprises pour moi, et je ne connaissais pas ces écrits sur Paris de Steinbeck ou de René Crevel.
« L’on me dit que je ne vois pas assez Paris pour le conter, surtout aux parisiens. Je reste parfois des journées entières sur la terrasse, ou, si je la quitte, ce n’est que pour aller jusqu’au coin de la rue chercher un journal au kiosque ou bien des gauloises au bureau de tabac ; parfois je me borne à parcourir quelques kilomètres de rues ordinaires en regardant les vitrines ou en regardant les autres regarder les vitrines. L’on me dit que je devrais apprendre à connaître le vrai Paris. » Steinbeck.
On lira ou relira des textes de Montesquieu (extraits des Lettres persanes) ou Henri Calet (La Belle Lurette). Paris est une fête, bien sûr, pour Hemingway ; et Zazie traine dans le métro de Raymond Queneau. Les Nuits de Paris sont décrites par Rétif de la Bretonne ; Gautier, Genet, Balzac, Huysmans, Miller… Impossible de tous les citer, cela reviendrait à recopier le sommaire… Mais on le comprendra à la lecture de ces noms, il s’agit bien d’un guide « littéraire » comme l’annonce la couverture. Dit autrement : les textes sont tous d’une haute « tenue », d’un style – auquel on adhère ou non –, mais il s’agit bien de littérature et non d’une simple question de vocabulaire comme dans un guide au sens habituel du terme.
« Les Parisiens n’ont jamais de leur ville le plaisir qu’en prennent les provinciaux. D’abord, pou eux, Paris se limite à la taille de leurs habitudes et de leurs curiosités. Un Parisien réduit sa ville à quelques quartiers, il ignore tout ce qui est au-delà, qui cesse d’être Paris pour lui ? » Aragon.
Ne cherchons pas à étudier comment cette anthologie a été composée, ce qui en est absent, et régalons-nous de ces textes, dont certains pourraient bien nous donner envie de lire ou relire le livre dont ils sont extraits.
Les premières lignes : la quatrième de couverture. « A chaque carrefour, chaque détour de ruelle, chaque ombre posée sur un lampadaire, Paris respire du souffle de ses grands écrivains. Flaubert, Lautréamont, Perec, Fargue, Hemingway, Proust ou Villon parcourent les rues de Paris au sein de cette anthologie où se croisent classiques, modernes et romanciers contemporains. » Éditions Inculte 2011
Présenté sous la forme d’un guide touristique (À ne pas manquer ; À voir, à faire ; Paris la nuit ; petits budgets…) cette anthologie de textes est un régal. Et si certains de ces textes sont extraits de livres connus (Le piéton de Paris, de Léon-Paul Fargue, par exemple), d’autres sont de véritables surprises pour moi, et je ne connaissais pas ces écrits sur Paris de Steinbeck ou de René Crevel.
« L’on me dit que je ne vois pas assez Paris pour le conter, surtout aux parisiens. Je reste parfois des journées entières sur la terrasse, ou, si je la quitte, ce n’est que pour aller jusqu’au coin de la rue chercher un journal au kiosque ou bien des gauloises au bureau de tabac ; parfois je me borne à parcourir quelques kilomètres de rues ordinaires en regardant les vitrines ou en regardant les autres regarder les vitrines. L’on me dit que je devrais apprendre à connaître le vrai Paris. » Steinbeck.
On lira ou relira des textes de Montesquieu (extraits des Lettres persanes) ou Henri Calet (La Belle Lurette). Paris est une fête, bien sûr, pour Hemingway ; et Zazie traine dans le métro de Raymond Queneau. Les Nuits de Paris sont décrites par Rétif de la Bretonne ; Gautier, Genet, Balzac, Huysmans, Miller… Impossible de tous les citer, cela reviendrait à recopier le sommaire… Mais on le comprendra à la lecture de ces noms, il s’agit bien d’un guide « littéraire » comme l’annonce la couverture. Dit autrement : les textes sont tous d’une haute « tenue », d’un style – auquel on adhère ou non –, mais il s’agit bien de littérature et non d’une simple question de vocabulaire comme dans un guide au sens habituel du terme.
« Les Parisiens n’ont jamais de leur ville le plaisir qu’en prennent les provinciaux. D’abord, pou eux, Paris se limite à la taille de leurs habitudes et de leurs curiosités. Un Parisien réduit sa ville à quelques quartiers, il ignore tout ce qui est au-delà, qui cesse d’être Paris pour lui ? » Aragon.
Ne cherchons pas à étudier comment cette anthologie a été composée, ce qui en est absent, et régalons-nous de ces textes, dont certains pourraient bien nous donner envie de lire ou relire le livre dont ils sont extraits.
Les premières lignes : la quatrième de couverture. « A chaque carrefour, chaque détour de ruelle, chaque ombre posée sur un lampadaire, Paris respire du souffle de ses grands écrivains. Flaubert, Lautréamont, Perec, Fargue, Hemingway, Proust ou Villon parcourent les rues de Paris au sein de cette anthologie où se croisent classiques, modernes et romanciers contemporains. » Éditions Inculte 2011
samedi 12 novembre 2011
J'ai lu "Rouler" de Christian Oster

« J’ai donc, si je puis dire, filé vers Chaudes-Aigues. Il était aux environs de dix-sept heures. Ça tournait encore beaucoup, ça montait, ça descendait, c’était quand même toujours très beau et j’ai commencé à avoir envie non seulement de plat mais de ville, de trottoirs où marcher. »
Étape. Chambre d’hôtel. Étouffante. Et le bruit des voisins. Le lendemain : une marche dans la nature. Avec ce constat : « que tout paysage aperçu au loin perd, dès lors qu’on l’atteint, de cette beauté qui vous avait frappé quelques centaines de mètres plus tôt, un peu comme s’il se désagrégeait au contact. » A se demander s’il ne vaut pas mieux rester en voiture… D’autant plus que cette marche tourne mal. Une blessure à la cheville. Et une perte totale de l’orientation. Jusqu’à trouver une maison isolée et un couple qui y vit. Et cette femme – Claire – qui veut partir avec lui. Problème : « Mais, moi, je ne vais nulle part, ai-je précisé, je ne peux vous emmener nulle part. »
Ils partent tous les deux. Ils roulent. Ils parlent. Ils s’apprivoisent. Ils font un bout de chemin et se séparent. Lui continue sa route, et rencontre par hasard un ancien copain de lycée, qu’il ne souhaite pas revoir. « Je voulais être seul, avec du temps devant moi et le moins possible derrière. » Finalement Malebranche – ce copain de lycée – se retrouve à nouveau sur son chemin. Il s’occupe de chambres d’hôtes, où le narrateur va faire une halte – dans une chambre jaune – et se mêler aux autres locataires. Mais, dans ce château, on se regarde, on se supporte, on avance, on recule, on imagine… bref, les échanges sont difficiles, et ça n’avance à rien. C’était mieux quand ça roulait. Alors il faut repartir.
Cette chronique ne donne qu’une très vague idée de ce que propose le récit de Christian Oster, de sa construction, de son style et de son contenu. « Road novel » comme le dit la quatrième de couverture ? Sans aucun doute. Une histoire écrite derrière le pare-brise. Aventure, comme l’écrit Le Monde ? Certainement, bien qu’elle ne se déroule pas en des contrées lointaines. L’aventure est alors « le rapport des personnages au monde d’aujourd’hui. » Imprévu organisé ? (Le Monde) Oui. Tout ce qui se passe est l’une des voies possibles. Le « hasard suscite les possibles » (Télérama). Finalement c’est « l’histoire d’un type qui quitte Paris en voiture et rencontre des gens des paysages, et c’est tout. Absolument tout. » (C. Donner, le Monde Magazine). Sans début ni fin, Rouler nous invite à nous assoir à côté du conducteur, à faire un bout de route avec lui dans ce « hasard immédiat, cette gratuité parfaite » (Y Moix, le Figaro). Comme si le voyageur était le lecteur.
Les premières lignes : « J’ai pris le volant un jour d’été, à treize heures trente. J’avais une bonne voiture et assez d’essence pour atteindre la rase campagne. C’est après que les questions se sont posées. Après le plein, j’entends. En même temps, c’était assez simple. Comme j’avais pris la direction du sud, je me suis contenté de poursuivre. » Éditions de l’Olivier 2011.
vendredi 4 novembre 2011
J'ai lu "Jean-Jacques Rousseau à 20 ans" de CLaude Mazauric
Dans cette collection consacrée à des auteurs classiques et qui retrace « l’aventure de leur jeunesse », on révisera bien ses connaissances sûr tout la jeunesse de Jean-Jacques Rousseau, sur ses hésitations, sur comment il s’est construit, notamment avec quelques rencontres décisives comme celle avec Mme de Warrens. Ce livre a un autre intérêt pour le lecteur familier des rives du Léman, d’Annecy et de Chambéry, c’est d’y suivre sur le terrain ou presque, la trace du futur « penseur universel de la destinée humaine ».
Mais la lecture de ce récit des années de jeunesse de Jean-Jacques Rousseau m’a surtout interpellée sur un thème : le voyage, la façon de se déplacer, de voyager au XVIIIème siècle.
Jean-Jacques Rousseau est né à Genève le 28 juin 1712. Après une enfance sur laquelle je ne m’étends pas ici, Jean-Jacques, désirant un beau jour s’échapper de cette ville, se rend à Annecy. « Minuscule événement au regard de l’histoire générale, la première rencontre de Jean-Jacques et de Françoise de Warrens entre les 21 et 24 mars 1728 est un événement considérable au regard de l’histoire littéraire et philosophique du siècle parce qu’elle scelle le début d’une relation qui a permis à Rousseau d’échapper à un destin de petit fugitif, sans nom ni destin prévisible. » Rousseau le fugitif a 16 ans, il est déjà sur les routes.
Après Annecy, Rousseau le fugitif, est encore sur les routes. Il va à Turin. Il revient. « L’errance est déjà pou lui, qui n’a pas 20 ans, une vielle compagne. » Et « la route d’Annecy est longue, incertaine, plus ou moins joyeuse. » Mais l’accueil est chaleureux, comme on le sait : « Pauvre petit, te revoilà donc ? »
Mazauric rappelle que Rousseau « a connu les plus vives émotions en cheminant le long des rives des lacs de Suisse et de Savoie ou en naviguant sur leurs eaux enchanteresses. » Et que ces « lieux enchanteurs » serviront de décor et de cadre romantique à La Nouvelle Héloïse. Après un voyage à Lyon en 1730, c’est en 1931, en quinze jours de marche et en compagnie d’un soldat, que Rousseau traverse le Jura et la Bourgogne et arrive à Paris. Puis il revient, mais cette fois à Chambéry, « poser son bagage » aux Charmettes, retrouver « Maman ». En quatre ans, à pied, Rousseau a parcouru La Savoie, le Piémont, la Suisse romande et l’est de la France. Ces voyages, lents, aux lendemains parfois imprévus, ont certainement formé les goûts de Rousseau pour l’amour des plantes qui bordent les chemins, pour « la lenteur du temps qui préserve le voyageur de l’impatience et lui garantit une solitude propice au rêve. » Et la « pratique libératrice, donc éducative du voyage à pied » se retrouvera dans Émile ou de l’éducation. « Nous ne voyageons donc point en courriers, mais en voyageurs. Nous ne songeons pas seulement aux deux termes, mais à l’intervalle qui les sépare. Le voyage même est un plaisir pour nous. (…) Je ne conçois qu’une manière de voyager plus agréable que d’aller à cheval ; c’est d’aller à pied. (…) Je passe partout où un homme peut passer ; je vois tout ce qu’un homme peut voir ; et, ne dépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont un homme peut jouir. »
D’autre part, les voyages permettent les rencontres. Quand on voyage on s’instruit… En septembre 1937 il part pour Montpellier consulter un médecin. A cheval d’abord, en chaise à partir de Grenoble, voyage « certes plus onéreux mais qui favorise les rencontres et qui s’accompagne d’un hébergement dans les auberges qui peut se faire plaisant ». Autrement dit Madame de Larnage, avec qui Jean-Jacques découvre le plaisir pendant quelques nuits. Valence, Montélimar, Pont-Saint-Esprit, le pont du Gard, Nîmes, Lunel, Montpellier. Et retour à Chambéry ou une mauvaise surprise l’attend (qui va à la chasse…) Plus tard, en 1743, Rousseau se rend en Italie par Lyon, Marseille, Gênes – où il est mi en quarantaine à cause de la peste – Milan, Vérone, Padoue et Venise. Sept semaines de route !
On a du mal à imaginer ces voyages, les conditions dans lesquelles les voyageurs traversaient les plaines et les montagnes. Mais ils les faisaient, parce qu’il n’y avait par d’autres moyens. Et la lecture de cette biographie des vingt première années de Rousseau a permis, en plus d’apprendre ou de se rappeler des informations sur la vie du philosophe, de fournir une occasion de revenir sur ce thème des voyages, grâce à un « marcheur » qui a laissé beaucoup d’écrits sur le sujet.
Les premières lignes : « Juin ou Juillet 1730, à Lausanne ou à Vevey. Sur les bords du lac Léman, qu’on appelle quelques fois à l’est de l’étendue d’eau le lac de Genève, un jeune homme rêveur, entrant dans sa dix-neuvième année d’existence, emprunte le chemin qui serpente le long de la rive et s’assoit sur une « grosse pierre » ; il médite, s’interroge sur son sort présent, peu enviable à ses yeux, imagine ce que pourrait être son destin à venir qu’il voudrait composé de « mille félicités innocentes ».
Claude Mazauric. Jean-Jacques Rousseau à vingt ans. Un impétueux désir de liberté. Au diable vauvert 2011.
mardi 1 novembre 2011
J'ai lu "La Voie cyclique" de Gérard Bastide
« Polyfaiseur de multichoses », comme il se définit lui-même sur sont site, Gérard Bastide est entre autre un « écriveur polygraphe » et un « cycliste oblique ». Sans compter un goût certain pour le sud… Tout ça ne peut donner qu’une œuvre peu catholique (pardon…) et originale. A priori tout ça me plait bien. Lisons La Voie cyclique, dont le titre est déjà une occasion de constater l’humour et le jeu avec les mots que l’on retrouvera tout au long du recueil.
« J’ai tant de choses à voyager »
Le propos de l’auteur est de nous emmener, à vélo, sur les sommets méditerranés. J’aime bien la montagne. Je n’aime pas le vélo. Et les récits des cyclotouristes me laissent souvent sur ma faim : je n’adhère que rarement aux histoires de dérailleurs qui déraillent et de mollets qui fléchissent. Mais dès les premiers mots – la citation en exergue du premier récit, ce « Pour survivre, il faut raconter des histoires » de Eco – et les premières lignes de « Précyclule », je me sens un peu rassuré. Il s’agit de « circonscrire une quête », de « chercher une identité commune » à une « entreprise déraisonnable (qui) n’exclut pas un certain pragmatisme. » On dirait que ça ne va pas être triste, tout en restant à une certaine hauteur…
Mais d'abord: faut-il y aller à vélo ? Où, dit plus crûment : est-ce utile de remplacer une sieste par quatre heures de pédalage en plein soleil ? Oui et non. D’abord parce que « toutes les forces physiques qui mettent ce monde en branle semblent s’être liguées contre l’homme debout. » Mais quand on cherche une « voie », et que le taôisme propose des étapes « assez longues et sans ravitaillement », la « voie cyclique » est peut-être ce qui convient le mieux à ce sportif du sud, à ce « cycliste tendance romantique musclé. » Et puis il y a, comme après tout effort physique ; à pied ou à vélo, une sorte de récompense. « Le Bon Faiseur qui récompense les cyclistes méritants a généralement placé au haut des cols d’agréables descentes qui font de l’air, sèchent la sueur et permettent d’oublier les tourments de la veille. »
« Cette montagne me va à gravir »
Dans ces récits on trouvera donc plein d’histoires, et aussi des références à quelques voyageurs ou nomades, comme Thoreau, Kenneth White ou Sylvain Tesson, ce qui n’a rien d’étonnant pour ces voyageurs qui préfèrent « l’ailleurs » au sens physique, mais aussi au sens intellectuel, un « Tibet mental ».
Suivons Bastide. Partons aux Pyrénées, à l’Etna, aux Baléares, au Canigou, au Ventoux, à l’Olympe… à la recherche de ces « cultures de l’altitude, tout ce que la longue mémoire des hommes et leurs croyances ont pu forger à partir de ces sommets. »
On relèvera, entre autres choses, un bref éloge de l’âne : « Qu’aurait été la méditerranée sans l’âne ? Une Laponie sans rennes, une Australie sans kangourous » ; de nombreux jeux de mots, aphorismes, néologismes, traits d’humour – il y a du Allais et du Vialatte dans l’air… – qui donnent un tour joliment décalé aux récits ; des citations comme ce proverbe d’Asie centrale : « Garde-toi de demander le chemin à qui le connaît, tu risquerais de ne pas t’égarer » ; et quelques pensées définitives et pacifistes qui relativisent notre présence sur terre et nos éternels questionnements : « Les armées ont avancé à cheval, les religions à dos d’âne. Les unes et les autres laissant derrière elles le même sillage de mouches et de crottin, de pisse et de sang. »
Ce que je pensais en ouvrant ce livre s’est avéré : ces récits – ce « concerto pour route et cyclo – sortent de l’ordinaire des journaux de voyages cyclotouristiques. La machine est bien là, elle est même le pivot des récits, mais elle est « l’outil commode pour arriver à mes fins personnelles », elle sert surtout à avancer sur la route, de préférence hors des sentiers battus, et est plus souvent prétexte à des bavardages philosophiques – mais une « philosophie du vélo (…) au même titre qu’il y a une philosophie de la clé de 12 ou une éthique du grille-pain » – qu’à des considérations techniques ou topographiques. Pari gagné, si c’était le propos de l’auteur. Très bon petit livre, qui peut être lu et relu – c’est important quand on n’emporte qu’un livre dans le sac à dos, ou la sacoche.
Les premières lignes : « Il s’avance debout au fond des couloirs du temps. L’homme. Avec quelques autres formes dont il partage l’espace, les termitières, les girafes, les autruches et les pingouins, les ours en colère, la pluie, le filet de fumée, il apprend à se tenir droit. Dressé. Bipède. C’est l’arbre qui lui explique tout ça. Et la montagne. »
Gérard Bastide – La Voie cyclique
Sommets méditerranéens à vélo
Editions Le Pas d’oiseau 2011.
http://gerardbastide.fr/sommaire.php
« J’ai tant de choses à voyager »
Le propos de l’auteur est de nous emmener, à vélo, sur les sommets méditerranés. J’aime bien la montagne. Je n’aime pas le vélo. Et les récits des cyclotouristes me laissent souvent sur ma faim : je n’adhère que rarement aux histoires de dérailleurs qui déraillent et de mollets qui fléchissent. Mais dès les premiers mots – la citation en exergue du premier récit, ce « Pour survivre, il faut raconter des histoires » de Eco – et les premières lignes de « Précyclule », je me sens un peu rassuré. Il s’agit de « circonscrire une quête », de « chercher une identité commune » à une « entreprise déraisonnable (qui) n’exclut pas un certain pragmatisme. » On dirait que ça ne va pas être triste, tout en restant à une certaine hauteur…
Mais d'abord: faut-il y aller à vélo ? Où, dit plus crûment : est-ce utile de remplacer une sieste par quatre heures de pédalage en plein soleil ? Oui et non. D’abord parce que « toutes les forces physiques qui mettent ce monde en branle semblent s’être liguées contre l’homme debout. » Mais quand on cherche une « voie », et que le taôisme propose des étapes « assez longues et sans ravitaillement », la « voie cyclique » est peut-être ce qui convient le mieux à ce sportif du sud, à ce « cycliste tendance romantique musclé. » Et puis il y a, comme après tout effort physique ; à pied ou à vélo, une sorte de récompense. « Le Bon Faiseur qui récompense les cyclistes méritants a généralement placé au haut des cols d’agréables descentes qui font de l’air, sèchent la sueur et permettent d’oublier les tourments de la veille. »
« Cette montagne me va à gravir »
Dans ces récits on trouvera donc plein d’histoires, et aussi des références à quelques voyageurs ou nomades, comme Thoreau, Kenneth White ou Sylvain Tesson, ce qui n’a rien d’étonnant pour ces voyageurs qui préfèrent « l’ailleurs » au sens physique, mais aussi au sens intellectuel, un « Tibet mental ».
Suivons Bastide. Partons aux Pyrénées, à l’Etna, aux Baléares, au Canigou, au Ventoux, à l’Olympe… à la recherche de ces « cultures de l’altitude, tout ce que la longue mémoire des hommes et leurs croyances ont pu forger à partir de ces sommets. »
On relèvera, entre autres choses, un bref éloge de l’âne : « Qu’aurait été la méditerranée sans l’âne ? Une Laponie sans rennes, une Australie sans kangourous » ; de nombreux jeux de mots, aphorismes, néologismes, traits d’humour – il y a du Allais et du Vialatte dans l’air… – qui donnent un tour joliment décalé aux récits ; des citations comme ce proverbe d’Asie centrale : « Garde-toi de demander le chemin à qui le connaît, tu risquerais de ne pas t’égarer » ; et quelques pensées définitives et pacifistes qui relativisent notre présence sur terre et nos éternels questionnements : « Les armées ont avancé à cheval, les religions à dos d’âne. Les unes et les autres laissant derrière elles le même sillage de mouches et de crottin, de pisse et de sang. »
Ce que je pensais en ouvrant ce livre s’est avéré : ces récits – ce « concerto pour route et cyclo – sortent de l’ordinaire des journaux de voyages cyclotouristiques. La machine est bien là, elle est même le pivot des récits, mais elle est « l’outil commode pour arriver à mes fins personnelles », elle sert surtout à avancer sur la route, de préférence hors des sentiers battus, et est plus souvent prétexte à des bavardages philosophiques – mais une « philosophie du vélo (…) au même titre qu’il y a une philosophie de la clé de 12 ou une éthique du grille-pain » – qu’à des considérations techniques ou topographiques. Pari gagné, si c’était le propos de l’auteur. Très bon petit livre, qui peut être lu et relu – c’est important quand on n’emporte qu’un livre dans le sac à dos, ou la sacoche.
Les premières lignes : « Il s’avance debout au fond des couloirs du temps. L’homme. Avec quelques autres formes dont il partage l’espace, les termitières, les girafes, les autruches et les pingouins, les ours en colère, la pluie, le filet de fumée, il apprend à se tenir droit. Dressé. Bipède. C’est l’arbre qui lui explique tout ça. Et la montagne. »
Gérard Bastide – La Voie cyclique
Sommets méditerranéens à vélo
Editions Le Pas d’oiseau 2011.
http://gerardbastide.fr/sommaire.php
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