vendredi 21 janvier 2011

J'ai lu "La Montagne de minuit" de J-M Blas de Roblès

Lyon s’éveille. 1985. Bastien, gardien très âgé d’un collège jésuite, se lève et fait ses mouvements de tai-chi devant la fenêtre ouverte sur Notre-Dame de Fourvière. Passionné par la culture tibétaine, il rêve du Potala en regardant le dôme de la basilique lyonnaise. En ce 8 décembre c’est la « fête des lumières ». C’est aussi le jour où Bastien apprend qu’il est viré. Il allume quand même des bougies comme tout le monde avant de rentrer chez lui et de continuer un mandala de sable qu’il réalise. Dans le couloir il croise Rose qui vient d’emménager.
Quelles fautes Bastien a-t-il commises dans le passé ? Pourquoi cet obscur gardien de collège est-il consulté par les étudiants en langues orientales ? Qu’est-ce que Rose, passionnée par Alexandra David-Neel vient faire dans cette historie, que Paul, son petit garçon, écrira plus tard et dont nos lisons les brouillons que Rose corrige au fur et à mesure ?
« Les coïncidences n’existent pas, il n’y a que des rencontres nécessaires » est un adage tibétain, bouddhiste. Bastien rencontre Rose et un jour le vrai Potala est là, au bout de l’avenue. « C’est une chose d’admirer le Potala de loin, perché comme un modèle réduit sur sa colline, une autre de se retrouver dominé par sa masse ; au pied du palais il fallait cambrer les reins pour distinguer un bout de ciel au-dessus des toits.» La version de Rose : « On dirait une super tranche d’arlequin, dit Rose, les yeux brillants. » Le roman se poursuit par des rencontres, celle d’un professeur de français en Chine, celles de tibétains désabusés – il y a plus de soldats chinois que de tibétains à Lhassa à cette époque ; des visites de lieux chargés d’Histoire. Les secrets et les mensonges de chacun se dévoilent au grand jour, et l’histoire entraîne les personnages entre occultisme et mysticisme vers des liens troubles surgis du passé.
On ne peut pas en dire plus. Le talent de Blas de Roblès est indiscutable. La structure de ce livre est dense et riche. L’histoire est simple, belle, ouverte sur le monde, et cependant enchâssée dans un roman qui montre un roman en train de s’écrire. Une perspective qui donne un intérêt supplémentaire. Le style est impeccable, à plusieurs voix. On est vraiment dans l’histoire, avec les personnages, leurs doutes, leurs questions, qui deviennent les nôtres. Ce court roman se lit en deux heures. Ne pas hésiter.

La première phrase : « C’était un vieux monsieur, le gardien du lycée Saint-Luc, l’un de ces faux vieillards à visage d’enfant affublé d’une perruque et de trois ou quatre rides grossièrement maquillées autour des yeux. » Editions Zulma 2010.

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