mercredi 19 janvier 2011

j'ai lu "Un Coin de Savoie" de Charles-Ferdinand Ramuz

Regroupés dans cette édition sous le titre Un Coin de Savoie, C.F. Ramuz a écrit ces cinq textes entre 1909 et 1942. Ils parlent d’un pays et d’une époque où tout n’est pas triste. Il y a des curés « qui ont mangé et bu comme des curés de Rabelais. Ils ne parlaient guère, ils n’avaient pas le temps. » Une époque où tout n’est pas gai non plus. Les jeunes pensent à partir. « Le pays est isolé, sans débouchés ; et on sent, tout autour, cette tentation comme visible, le soir, aux lumières qui parsèment la côte, de contrées plus actives (…) On devine là-bas une vie, non pas certes plus douce, mais plus diverse, avec toutes les chances que le mot comporte. » Les vieux rêvent de millions que d’autres ont gagné, par hasard, comme l’écrit le journal.

La Savoie c’est un pays où l’on dit septante et nonante, mais pas huitante comme chez l’auteur, le canton de Vaud, qui, un temps, fut un pays savoyard. « Parce que huitante c’est laid. » C’est un pays où les femmes vont encore à l’église. « Quand les femmes prient encore, rien n’est perdu. » Quant aux hommes… « Quand aux hommes, ils sont surtout prudents et on ne sait pas au fond ce qu’ils pensent. C’est la nature fermée du paysan qui se méfie et ne se livre guère, sinon entre amis, le vin aidant. Pour l’ordinaire ils se taisent, ou, s’ils parlent, c’est pour ne rien dire.»


Il y a aussi la « haine sourde » entre deux styles de montagnards. Gros sacs, cordes et semelles à clous, contre espadrilles, chemises blanches et serviette pour après le bain dans un lac. Il y a des chiens et de vieux cochers. Il y a les paysages de Savoie, uniques. Où il fait toujours beau. Enfin: « Les souvenirs trompent. Pourquoi est-ce qu’il fait toujours beau temps dans le passé où les choses et les gens se tiennent tout baignés d’un beau soleil qui semble n’avoir jamais pris fin ? Quelqu’un a déchiré les pages de l’album qui étaient de couleur sombre.»


Récits d’une terre dont l’écrivain est amoureux et qui s’y connaît en voyages – « à force de partir, je suis resté chez moi » - ce Coin de Savoie est à savourer lors d’une balade du coté de la dent d’Oche, par exemple.


Les premières lignes
. « Ce n'est pas tout à fait la vraie, c'est celle du bord du lac, et non du grand, mais du petit : de Nyon, on le traverse en un quart d'heure, vingt minutes; et c'est Nermier ou c'est Yvoire, et il faut s'enfoncer un peu dans le pays.» Éditions Séquences 1989.

Le site des Amis de Ramuz

http://lesamisderamuz.com/

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