Si l’on devait définir Kenneth White avec quelques mots clés, Écosse serait forcément l’un d’eux. En témoigne ce livre : Écosse - Le Pays derrière les noms. L'Écosse est un « point de départ auquel il ne cesse de revenir », un sujet sur lequel il a beaucoup écrit, en prose ou en vers. Le texte proposé ici a d’ailleurs déjà été édité en 2001, chez le même éditeur, alors accompagné de photographies de Jean Hervoche ; il a été revu et recomposé pour cette nouvelle édition.
Kenneth White part à la recherche de l’Écosse. A la recherche de l’Écosse « réelle ». Car l’Écosse de Kenneth White n’est pas l’Écosse du touriste, ni le pays des clichés. Ce « pays-là » n’est pas enfermé dans un monde de cailloux, de nuages et de brume, de monstres et de fantômes, ce pays-là est un monde ouvert, on n’en sera pas étonné de la part de cet auteur du « dehors ». L’Écosse est le pays où Kenneth White est né. « Non seulement expatrié, pour des raisons historiques, culturelles et intellectuelles, mais peut-être même profondément apatride, préoccupé avant tout par un paysage de l’esprit, je n’en oublie pas pour autant mon pays natal : tout ce qu’il m’a apporté, tout ce que j’ai pu trouver en lui. »
Après quelques éléments de géographie, White parle de son enfance, de la découverte de sa langue natale, et comment il s’intéressa également à la langue gaélique, disparue, oubliée, ce qui fait que « un mot ou une phrase en gaélique peut surgir de temps à autre dans mes textes. » Puis il nous parle des auteurs « écossais » qu’il apprécie, qui lui ont apporté quelque chose, non sans préciser que s’il parle de ces écrivains-là « l’histoire de la littérature, et surtout de tel ou tel pays, ne m’intéresse guère. Les histoires nationales de la littérature ne servent qu’à maintenir l’illusion que quelque chose comme une culture nationale continue d’exister. Ce que je vise dans ce livre c’est une géographie de la pensée, une météorologie de l’esprit, en prenant l’Écosse comme terrain d’exploration. » Walter Scott, Thomas Carlyle, John Muir, Neil Gunn, Hugh MacDiarmid, Robert Louis Stevenson font partie de la « Bibliotheca Scotica ».
Glasgow, les ancêtres bretons, la celtitude, l’île d’Arran (à ne pas confondre avec l’autre) ou l’île Noire, Edimbourg, les interconnexions avec d’autres cultures sont aussi des notions abordées, des terres explorées par Kenneth White, un homme qui n’aime pas les bornes, les mondes trop bornés, mais qui est plutôt adepte de la « grande circulation des énergies, des idées, des cultures. » Un « guide » de l’Écosse qui sort de l’ordinaire, une Écosse « derrière les noms », comme l’indique le titre, qui permet de voir d’autres choses que celles trop souvent proposées, et de retrouver les thèmes chers à l’auteur.
Les premières lignes du prologue d’avril 2010 : « L’autre jour, dans le cadre d’un festival de « culture » (celui d’Avignon, pour ne pas le nommer), j’étais interviewé par un « animateur ». Censé m’interroger sur mes origines et sur les perspectives qu’elles ont ouvertes dans mon travail, il a commencé par me coller l’étiquette de « barde », avant de préciser pour les auditeurs que je venais « du pays des fantômes – c’est tout juste s’il n’a pas sorti de son petit répertoire le monstre du Loch Ness. »
Écosse. Le Pays derrière les noms" de Kenneth White. Éditions Terre de Brume 2010.
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