mercredi 19 janvier 2011

J'ai lu "Le train des jours" de Gilles Ortlieb

Dans Le Train des jours, journal intime d’une année, Gilles Ortlieb parle de ces petites choses que nous – hommes pressés, déshabitués à regarder – avons du mal à percevoir : gens, murs, anciens ou non, objets divers qui, si l’on y prête un peu attention, ont tellement de chose à dire. Et c’est d’ailleurs dans ces passages, courts, simples, que l’auteur est à mon avis le meilleur – par rapport à quelques autres pages de digressions diverses, plus longues.
Gilles Ortlieb évoque à plusieurs reprises un voyage en Grèce ; il nous promène également à Paris ou à Luxembourg. Mais c’est du côté de Thionville, Sarre Union ou Florange qu’il faut le suivre. « Début mars. Qui connaît Sarre Union ? Qui est jamais allé à Sarre Union ? Qui sait même où se trouve Sarre Union ? » Et Amnéville ? Hagondange ? Florange ? Il se trouve que j’ai un peu traîné mes rangers (bien obligé !) dans ces parages il y a longtemps, et que ces endroits me « parlent » comme l’on dit. Je ne sais plus comment j’y suis arrivé. Mais pour l’auteur « le voyage (compliqué, avec deux correspondances ferroviaires et un autocar pour la dernière partie du trajet, à qui il aura fallu plus d’une heure pour couvrir une trentaine de kilomètres) aura débuté dans le Métrolor Metz-Nancy, au milieu de divers accents lorrains. »
Ailleurs, dans un autre train s’ébroue « le peuple de l’action, avec tous ses accessoires : ordinateurs et téléphones portables, évidemment, écouteurs, assistants personnels, souris miniatures. »
Gilles Ortlieb sait voir les choses, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Il sait les écrire, ce qui est encore plus rare. Il sait raconter ce qu’il voit au travers de la vitre du TGV, ou cette femme qui lit, ou cette enfant « près du Monoprix de l’avenue Ledru-Rollin », ou les odeurs du métro du dimanche, différentes de celles des autres jours. Ici le ciel est « nettoyé, blanchi, récuré », là il est « bouché, encombré, mouvant », ce qui est bien plus joli que gris ou bleu, non ? Un journal sur la poésie des petits riens de tous les jours, à lire.

Les premières lignes :
« Place de Paris, à Luxembourg, le 24 décembre. On démonte ce matin les cabanes en bois qui auront abrité, une quinzaine de jours durant, rondelles d’oignons frits et chansonnettes, gaufres, soupes aux lentilles et musiquettes, sous les mouvements huilés et parfaitement silencieux de deux grues jumelles installées depuis peu à proximité, aiguilles de montre sur le cadran des matinées en marche. » Editions Finitude 2010.

Gilles Ortlieb est né en 1953 et vit au Luxembourg. Il est l’auteur de plusieurs livres et traductions.


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